MYCÈNES
Les tombes
Les deux cercles de tombes, A et B, installés de part et d'autre du « cimetière préhistorique », permettent de suivre les innovations et l'enrichissement qui caractérisent la période de transition entre l'Helladique moyen et l'époque mycénienne. Le type de tombe qu'ils abritent sert parfois à caractériser cette période, puisque l'on parle de l'époque des « tombes à fosse ». De fait, la majorité des tombes du cercle B et toutes celles du cercle A se présentent comme des puits rectangulaires creusés dans le rocher. Le sol de la tombe est recouvert d'un cailloutis, les parois sont doublées de moellons ; au-dessus, on trouve des dalles de schiste ou une couverture végétale. Une fois la fosse remblayée, son emplacement se trouve parfois marqué par une stèle en calcaire sculptée. Chaque groupe de tombes était entouré d'un mur circulaire d'environ 27 mètres de diamètre ; le double anneau de plaques rectangulaires posées de chant autour du cercle A résulte d'un remaniement tardif. La plupart des tombes contenaient plusieurs squelettes – jusqu'à cinq – et avaient été rouvertes à plusieurs reprises. Les vases en terre cuite et les armes en bronze composaient l'essentiel du mobilier associé aux vingt-quatre tombes du cercle B (1650-1550). On note cependant, dans les tombes les plus récentes, la présence de quelques vases métalliques, d'éléments de parure en or et de trois objets remarquables : un masque en or blanc, un sceau en améthyste portant la représentation d'un homme barbu et une tasse en cristal de roche dont l'anse est sculptée en forme de tête de canard. Dans les tombes les plus riches du cercle A (1600-1500), qui sont aussi les plus récentes, le mobilier est beaucoup plus varié. Quelques cadavres avaient le visage recouvert d'un masque en or. Les vases et les bijoux en or, les épées en bronze aux pommeaux d'or et d'ivoire, les poignards à lame incrustée d'or et d'argent s'y comptent par dizaines, les ornements en or, en faïence ou en ambre par centaines. On a calculé que quinze kilogrammes d'or ont été ainsi accumulés.
À partir du xve siècle, les tombes à chambre circulaire construite en encorbellement, les tholoi, font leur apparition à Mycènes. Cette forme architecturale, élaborée dans le sud-ouest du Péloponnèse depuis la fin de l'Helladique moyen, va connaître ici un développement remarquable. Les neuf exemplaires de Mycènes – numérotés d'après leur ordre chronologique approximatif – permettent de suivre les progrès techniques accomplis par les architectes. Les tholoi les plus anciennes ont une chambre de 8 mètres de diamètre et un couloir d'accès – dromos – d'une douzaine de mètres de longueur (nos 1 et 4, par exemple). Dans les plus récentes, comme celles que la tradition a baptisées « trésor d'Atrée » (no 8) et « tombe de Clytemnestre » (no 9), le diamètre de la chambre peut atteindre 14,50 mètres et la longueur du dromos 37 mètres ; d'énormes monolithes sont disposés en linteau au-dessus de l'entrée dont les côtés sont richement décorés. Un tumulus, constitué de terre, de pierres et d'argile, protège l'ensemble de la tombe. Toutes les tholoi de Mycènes avaient été pillées dès l'Antiquité.
À Mycènes, la plupart des autres tombes en usage à la même époque ont leur dromos et leur chambre simplement taillés dans le rocher. Près de deux cents de ces tombes à chambre ont été fouillées, malheureusement de façon rarement méthodique, de sorte que l'on peut décrire le matériel, souvent riche, entassé dans ces tombes, mais non l'attribuer aux différents individus inhumés. Les principaux groupes se situent à l'ouest du site.
On a parfois supposé que les tombes à fosse et les neuf[...]
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Écrit par
- Pascal DARCQUE : directeur de recherche au C.N.R.S., ancien secrétaire de l'École française d'Athènes
- Jean-Claude POURSAT : professeur émérite à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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