MYCOBACTÉRIES
Autres mycobactérioses
La paratuberculose
La paratuberculose (maladie de Johne) est une mycobactériose des bovins, des caprins et des ovins. L'agent étiologique, Mycobacterium paratuberculosis, provoque chez ces animaux une entérite aiguë avec diarrhée, qui devient chronique par la suite. Les bêtes malades maigrissent progressivement et meurent en état cachectique. La dissémination des mycobactéries par le sang produit tardivement des lésions au niveau des organes respiratoires et digestifs et des glandes exocrines. Les animaux éliminent des fortes quantités de bacilles par les selles, propageant ainsi la maladie. Par ailleurs, les formes asymptomatiques de la maladie (qui semblent être vingt fois plus nombreuses que les formes cachectiques) représentent la source majeure d'infection. Le diagnostic, qui est fondé sur l'identification de l'agent étiologique, est rendu malaisé par la difficulté de cultiver M. paratuberculosis sur milieu sélectif et par la lenteur de sa croissance in vitro. La distinction entre tuberculose et paratuberculose s'appuie sur la réponse cutanée à la tuberculine et à la johnine respectivement (réactions d'hypersensibilité retardée à des extraits bactériens). Cette distinction est pourtant essentielle, car une réaction positive à la tuberculine entraîne l'abattage obligatoire de l'animal dans les pays de l'Union européenne : cette pratique n'est pas appliquée dans le cas de positivité à la johnine. Il n'est pas exclu que l'homme puisse être contaminé par le bétail et, dans ce cas, il pourrait être atteint, selon certains auteurs, d'une entérite chronique, connue sous le nom de maladie de Crohn.
Mycobactérioses opportunistes
Alors que la fréquence de la tuberculose typique a continué à décroître dans les pays occidentaux, celle des mycobactérioses atypiques est en progression constante. Les agents étiologiques les plus communs sont les mycobactéries du complexe Mycobacterium avium-Mycobacterium intracellulare-Mycobacterium scrofulaceum (MAIS), les deux premiers étant des non-chromogènes (groupe III) et le troisième un scotochromogène (groupe II). D'autres agents de tuberculose atypique appartiennent aux groupes I et IV de Runyon. Tous ces organismes se retrouvent dans l'environnement de nature hydrique (bassins de natation, sources naturelles, aquariums). L' homme, les animaux et les poissons seraient des sources d'infection d'importance mineure. La voie d'introduction de la bactérie dans l'organisme est le plus souvent une lésion ouverte de nature traumatique ou chirurgicale. Le foyer d'infection est représenté par un granulome avec macrophages et lymphocytes, qui peut évoluer en abcès. Des granulomes cutanés disséminés ont été décrits (granulomes des bassins de natation et des pêcheurs). Les agents des tuberculoses atypiques doivent être considérés en tant que pathogènes potentiels pour l'homme en bonne santé. Ils deviennent des pathogènes redoutables pour les individus porteurs d'altérations du système immunitaire ou soumis à un traitement immunodéprimant (thérapie à la cortisone après transplantation d'organes). Ces infections opportunistes sont devenues d'actualité à la suite de la multiplication des cas de syndrome d'immunodéficience acquise (sida) où les complications mycobactériennes sont courantes. Toutefois elles peuvent être contrôlées sous l'action des traitements antirétroviraux, alors que leur effet pathogène reste redoutable chez les malades traités par l'anti-TNF.
Le risque de mycobactérioses aggravant des affections pulmonaires chroniques (silicose par ex.) est sérieux. Mais il est encore plus à craindre pour les patients atteints de mucoviscidose : Mycobacterium avium est ici le plus souvent en cause. Le traitement se fonde sur la sensibilité des[...]
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Écrit par
- Carlo COCITO : professeur de microbiologie et de génétique moléculaire à la faculté de médecine, université de Louvain
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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