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MYOPATHIES

Un exemple : la dystrophie musculaire d'Emery-Dreifuss

Étape 1 : Description clinique d'une myopathie

1966. Emery et Dreifuss décrivent une maladie musculaire à transmission liée à l'X dans une grande famille aux États-Unis. Cette myopathie est caractérisée par une triade clinique : 1) des rétractions précoces dans la petite enfance des coudes, des chevilles et des muscles post-cervicaux, 2) une faiblesse musculaire lentement progressive des muscles du bras et des jambes et 3) une atteinte cardiaque qui se développe à l'âge adulte.

1989. Emery, se référant aux différentes descriptions, définit un « syndrome d'Emery-Dreifuss » qui inclut les formes liées à l'X et les formes autosomiques dominantes.

Étape 2 : L'apport de la génétique moléculaire

1991. Localisation du gène responsable des syndromes d'Emery-Dreifuss liés à l'X.

1994. Identification du gène dont les mutations sont responsables de l'apparition du syndrome d'Emery-Dreifuss lié à l'X (EMD). Il code pour une nouvelle protéine qui est appelée émerine.

1996. L'émerine est identifiée comme faisant partie des protéines de l'enveloppe des noyaux dans toutes les cellules.

1998. Localisation du gène responsable des formes autosomiques dominantes sur le chromosome 1 par l'étude d'une grande famille française.

1999. Identification du gène responsable (LMNA). Il code pour deux protéines de l'enveloppe des noyaux, les lamines A et C. Comme l'émerine, les lamines A/C sont exprimées dans toutes les cellules.

Étape 3 : Bénéfice des allers-retours entre clinique, génétique et données issues de la recherche fondamentale

2000. Des mutations du gène LMNA sont trouvées dans des maladies différentes des syndromes d'Emery-Dreifuss. Certaines sont aussi des myopathies, d'autres sont des atteintes cardiaques isolées, d'autres encore sont des maladies du tissu adipeux. Ces découvertes ouvrent la voie à des recherches sur le rôle, différent selon le tissu, des lamines A/C. Elles ouvrent aussi les possibilités de maladies potentiellement liées à l'altération de cette protéine.

2005. Un total de dix maladies différentes sont identifiées comme dues à des mutations du gène LMNA. Ces maladies affectent le muscle, le tissu adipeux ou les nerfs périphériques. Elles peuvent aussi réaliser des tableaux de vieillissement prématuré.

2007. L'implication de l'émerine et des lamines A/C dans les myopathies d'Emery-Dreifuss a conduit au développement d'une recherche très active sur les différentes protéines de l'enveloppe des noyaux et, plus généralement, sur la composition de cette enveloppe nucléaire. De nouvelles protéines sont décrites tous les mois. Plus de onze gènes codant pour des protéines de l'enveloppe nucléaire ont été démontrés comme responsables de maladies génétiques. La fonction de ces protéines reste essentiellement à établir ainsi que les mécanismes des mutations conduisant au développement des maladies.

— Gisèle BONNE

— Anne LOMBÈS

— Valérie DECOSTRE

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Écrit par

  • : docteur des Universités, université de Paris-VII, directeur de recherche à l'I.N.S.E.R.M.
  • : docteur en sciences biomédicales, Université catholique de Louvain, (Belgique), chercheuse post-doctorante à l'I.N.S.E.R.M.
  • : docteur, I.N.S.E.R.M., M.D., Ph.D.

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Médias

Téléthon 2007 - crédits : P. Guibert/ AFM

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Protéines impliquées dans les maladies neuromusculaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

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