MYRIAPODES
Développement et croissance
On reconnaît deux sortes de développement postembryonnaire : l'un par épimorphose, selon lequel la larve naît avec un nombre de segments pédifères fixés dès l'éclosion ; l'autre par anamorphose – le plus fréquent –, au cours duquel les segments sont acquis au fur et à mesure du déroulement des stades de croissance jusqu'à l'état adulte. Dans les deux cas, le nombre définitif des segments est rarement fixé chez l'adulte ; il est variable, dans de larges proportions (type anomoméristique), chez les individus d'une même espèce.
La première larve des Diplopodes, Symphyles et Pauropodes est hexapode, et chez la plupart des groupes le premier stade est précédé d'un stade pupoïde, où la larve est enveloppée dans une membrane embryonnaire sans trace de segmentation mais parfois avec des soies et l'organe d'éclosion (dent ou épine).
Le nombre des stades larvaires n'est pas uniforme ; il varie chez les Diplopodes suivant que le nombre des anneaux est fixe ou variable chez l'adulte et suivant que le nombre de ces anneaux est faible ou élevé. Le rythme de croissance est irrégulier ; rapide au début, il ralentit vers la fin, mais les larves d'une espèce donnée de Iulides n'ont pas toutes le même rythme ; elles sont soit en avance, soit en retard par rapport au rythme moyen, ou les unes par rapport aux autres.
Chez Glomeris (Diplopode), à la période anamorphe, créatrice de segments, succède une période épimorphe au cours de laquelle sont acquis des caractères autres que la segmentation. On est ainsi en présence d'un cas strictement comparable à celui des Chilopodes, Lithobiomorphes en particulier, éminemment évolués. Une contraction tachygénétique du développement postembryonnaire tend à réduire le nombre des stades, entraînant une diminution du nombre des anneaux définitivement acquis par l'adulte.
L'épimorphose se rencontre chez les formes primitives des Chilopodes à grand nombre de segments (Géophilomorphes, Scolopendromorphes). La croissance embryonnaire est prolongée par rapport aux anamorphes, qui naissent avec un nombre plus faible de segments. Le premier stade des Géophilomorphes est dit péripatoïde ; le tube digestif contient du vitellus et la segmentation n'est pas achevée. Chez les Scolopendromorphes, le stade péripatoïde a disparu, le développement est plus avancé.
L'anamorphose est le fait des Lithobiomorphes et des Scutigéromorphes, chez lesquels la première larve correspond à un véritable embryon par comparaison aux Géophilomorphes ; elle n'a que sept paires de pattes au lieu de quinze chez l'animal complet.
Le cycle biologique se déroule sur un ou deux ans (Polydesmides, Craspédosomides). Cependant, il est beaucoup plus lent (plusieurs années) chez les autres Diplopodes (Iulides). Les populations présentent alors des structures démographiques instantanées complexes car, à un instant donné, elles sont constituées d'un ensemble d'individus provenant de générations différentes.
Zone de croissance
Les nouveaux segments s'élaborent progressivement dans une zone interne comprise entre le dernier anneau pédifère et le telson. Chez les Diplopodes, l'anneau franchit quatre étapes. D'abord interne, d'embryosomite l'anneau devient un éosomite comprimé. Exprimé extérieurement, il est apode (mésosomite) mais contient, sous forme de bourgeons, les futures pattes de l'anneau complet. Tous les éléments sont libérés en bloc à chaque mue. Lorsque la croissance s'achève, tous les éléments sont encore présents, mais ils ne verront jamais le jour, en principe. Pourtant l'activité de la zone de croissance peut reprendre et de nouveaux segments peuvent apparaître dans certaines conditions. Cela est lié à un phénomène complexe, encore mal défini, propre à quelques espèces d'Iulides, la périodomorphose, découverte par[...]
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Écrit par
- Jean-Marie DEMANGE : sous-directeur du laboratoire de zoologie au Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Médias