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MYTHOLOGIE, Georges Séféris Fiche de lecture

De la mémoire à l'errance

Cependant, malgré la réappropriation du passé qui est ici tentée, tout se délite. Les voyages n'ont plus de fin, un vague espoir permet d'imaginer que ceux qui furent aimés ne sont pas des rêves, l'unique désir est de ne pas être absorbé par l'oubli : « Nous qui n'avions rien, leur enseignerons la paix. » Mythologie n'est au fond qu'une œuvre de la mer, de l'amour, qui donne sa sensibilité comme une preuve de vie, même si la mémoire qui l'habite est hantée par le sang, le chaos, la mort.

Ces poèmes d'une grande densité ont influencé considérablement l'avenir des lettres grecques modernes, peut-être parce qu'ils sont traversés par une incompressible nostalgie – celle d'un monde glorieux englouti. Yves Bonnefoy condense cette pensée en écrivant : « Mais toujours, toujours, c'est au loin, que cette plénitude dessine ses frondaisons et ses fruits » : l'antique est hors d'atteinte et, sous l'effet d'un paradoxe, il redevient présent à la faveur d'une célébration.

— Claude-Henry du BORD

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de la philosophie, critique littéraire à Études, poète et traducteur

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