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MYTHOLOGIES Dieux des peuples "barbares"

Mythologies des Slaves

Pour tenter de décrire ce que fut la mythologie des Slaves, il faudrait être mieux informé, d'abord, sur la personnalité même de ces peuples – et l'histoire comme l'archéologie sont, à cet égard, d'une fâcheuse indigence ; en second lieu, nous manquons de sources sûres, les principaux documents écrits sur lesquels il nous faut nous fonder émanant d'observateurs étrangers qui ont écrit à une époque récente (Procope de Césarée : De bello gothico, iii, 14, vie s. ; Saxo Grammaticus : Gesta Danorum, fin xiie s. ; Adam de Brême : Gesta Hammaburgensis, fin xie s. ; Côme de Prague : Chronica Boemorum, début xiie s. ; Knytlinga saga noroise, fin xiiie s.) ou de témoins prévenus, sinon hostiles, parce que chrétiens (divers homiliaires comme celui, tchèque, d'Opatovice ; la Chronique de Thietmar de Merseburg, vers 1015 et la Chronique des Slaves du curé Helmold, vers 1170), quand ils ne sont pas fragmentaires (telle la Chronique dite Primaire ou de Nestor, qui a été écrite au xiie siècle et ne s'intéresse qu'à une partie des Slaves). Reste un folklore très riche et très vivant mais qui pose, ici comme ailleurs, de délicats problèmes d'interprétation.

L'archéologie pourrait également nous aider, mais les quelques sanctuaires exhumés, à Rügen en particulier, ou à Ptuj en Slovénie, les idoles de Husiatyn, en Galicie (une tête à quatre faces perchée au haut d'une colonne carrée de 2,70 m de haut) restent d'une authenticité « slave » contestée.

De plus, il convient, en raison des contacts et influences subis, de distinguer entre Slaves méridionaux, orientaux et occidentaux ; mais il est souvent difficile de dégager les traits spécifiques de chaque groupe au-delà des collusions étroites avec les cultures, respectivement byzantine, celtique et germanique. Ainsi, le rôle que joue le coq, bien attesté partout, pourrait remonter aux Celtes ; la divinité Mokoš évoque bien fort la Grande Déesse scythe ; l'oiseau-dieu Simurgh ne peut guère qu'avoir été emprunté au bestiaire iranien par l'intermédiaire des Sarmates, et le chamanisme informe tout un complexe de représentations, métamorphiques notamment.

On tentera ici, à titre d'hypothèse, de discerner quelques grands caractères communs à ces peuplades, incontestablement indo-européennes, à l'origine agricoles, sédentaires et foncièrement pacifiques, dont la seule constante est un culte prononcé de la famille, au sens large (rod, pluriel rody). Il n'est pas impossible non plus de retracer, diachroniquement, une évolution plausible.

Du culte des ancêtres à celui de la nature

En premier lieu, il semble que le stade archaïque, primitif de cette religion ait été le mânisme : un texte russe du xie siècle établit que les Slaves (orientaux en l'occurrence, mais la généralisation est permise) sacrifièrent « d'abord » aux rody et aux rožanicy (dérivé du précédent – les deux mots désignant les mânes ou esprits des ancêtres défunts), puis « aux fleuves, aux nymphes et à d'autres esprits », enfin « à Perun, leur Dieu ». C'est ce que dit Procope de Césarée : « Ils considèrent qu'un seul dieu, le créateur de l'éclair, est le maître du monde ; ils lui offrent en sacrifice des bœufs et autres animaux [...]. Ils offrent aussi un culte aux fleuves, aux nymphes et à d'autres esprits. » En bons Indo-Européens, ils ne mettaient pas en doute l'existence d'une vie après la mort, ce qu'atteste l'archéologie des tombes où le défunt était pourvu de tous les biens nécessaires à son autre existence. Et sans doute croyaient-ils en la réincarnation, la continuité du clan familial étant ainsi assurée par l'éternel retour des défunts.

Par la suite, d'ailleurs, l'individualisation atteindra les [...]

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Écrit par

  • : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : agrégé de grammaire, docteur d'État, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Le Chaudron de Gundestrup - crédits : De Agostini/ Getty Images

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