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MYTHOLOGIES Dieux et déesses

Dieux souverains

Chez les peuples pasteurs de l'Asie centrale, les dieux célestes présentent un caractère nouveau : la souveraineté. Ils ne reflètent plus uniquement la sacralité ouranienne et météorologique ; leur puissance ne se manifeste pas seulement par la création cosmique. Ils deviennent les « maîtres », les souverains universels. Le nom mongol de la divinité suprême est Tengri, qui signifie « ciel ». Mais les différents peuples turco-mongols appellent leurs dieux « Khan », « Chef », « le Sage Maître créateur », « le Maître très élevé », « le Grand », « Seigneur maître », « Père », etc. Dans la lettre que Mangu khan envoya par Ruysbroeck au roi de France, on trouve la profession de foi la plus claire de la race mongole : « Tel est l'ordre du Dieu éternel : au ciel il n'y aura qu'un seul dieu éternel et il n'y aura qu'un maître sur terre, Gengis khan, fils de Dieu. » Chez les Chinois aussi le dieu du ciel avait deux noms : Tian (« Ciel » et « dieu du ciel ») et Shangdi (« Seigneur Altesse », « Souverain d'en haut »). L'empereur est le « Fils du Ciel », Tianzi, le représentant du dieu céleste sur terre.

En Mésopotamie, Anu, dieu du ciel, siège sur un trône, revêtu de tous les attributs de la souveraineté : le sceptre, le diadème, la coiffe, le bâton. Les rois tirent leur autorité monarchique directement d'Anu. Les épithètes les plus connues sont « dieu du ciel », « roi des cieux ». Les étoiles composent son armée. Sa fête principale coïncide avec le commencement du nouvel an, donc avec la commémoration de la création du monde. Mais, avec le temps, Anu perd cette suprématie au profit d'un dieu plus jeune et plus dynamique, Marduk.

Un processus similaire se vérifie ailleurs. À l'époque védique déjà, la place de Dyaus, dieu ouranien (son nom signifie « ciel »), a été occupée par Varuna, qui conserve encore les attributs célestes (il est « visible partout », il a « mille yeux », chiffre mythique des étoiles, etc.), mais qu'on ne peut cependant considérer exclusivement comme une divinité du ciel. Il est omniscient et infaillible, souverain universel et gardien de l'ordre cosmique. Celui qu'il veut perdre, Varuna le « lie », et les hommes craignent les « filets » de Varuna.

Mais avec le temps Varuna s'efface devant Indra, le plus populaire des dieux védiques. Indra est le « héros » par excellence, guerrier téméraire et à l'énergie indomptable, vainqueur du monstre Vritra (qui avait confisqué les eaux), inlassable consommateur de soma. Quelle que soit l'interprétation que l'on propose, il n'est pas possible de négliger les valences cosmiques d'Indra et sa vocation démiurgique. Indra recouvre le ciel, il est plus grand que la Terre entière, il porte le ciel comme diadème, et les quantités de soma qu'il peut ingurgiter sont effrayantes ; n'en absorbe-t-il pas trois lacs d'un coup ? Ivre de soma il tue Vritra, déclenche les ouragans, fait trembler l'horizon. Tout ce que fait Indra déborde de force et de jactance. Il est une vivante réalisation de l'exubérance de la vie, de l'énergie cosmique et biologique ; il fait circuler la sève et le sang, anime les germes, donne libre cours aux eaux et fait s'entrouvrir les nuages. La foudre (vajra) est l'arme avec laquelle il a tué Vritra, et les Maruts, divinités mineures de l'ouragan dont le chef est Indra, possèdent aussi cette arme. L'orage représente, par excellence, le déclenchement puissant des forces créatrices ; Indra déverse les pluies et commande à toutes les humidités, puisqu'il est à la fois la divinité de la fertilité et l'archétype des forces génésiques. Il est « le maître du champ » et « le maître de la charrue », « le taureau de la Terre », le fécondateur des champs, des[...]

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