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MYTHOLOGIES Dieux et déesses

Ouranos, Zeus et les dieux de l'orage

Héros et monstres de la mythologie grecque - crédits : Encyclopædia Universalis France

Héros et monstres de la mythologie grecque

En Grèce, Ouranos a conservé plus nettement ses caractères naturistes : il est le ciel. Hésiode nous présente son approche, quand s'étendant en tous sens, « tout avide d'amour » et apportant avec lui la nuit, il enveloppe la Terre. Mais, à part le mythe, il ne nous est rien resté d'Ouranos, pas même une image. Son culte éventuel a été usurpé par d'autres dieux, en premier lieu par Zeus. Ouranos confirme lui aussi ce destin des divinités célestes suprêmes d'être graduellement repoussées en dehors de l'actualité religieuse, de supporter usurpations sans nombre, substitutions et fusions pour tomber finalement dans l'oubli. Complètement effacé dans la religion, Ouranos survit dans le mythe transmis par Hésiode ; mythe qui, quels que soient les rituels qu'il implique, répond néanmoins au désir de connaître l'origine des choses. En effet, au début il y avait, sinon uniquement le Ciel, du moins le couple divin Ciel-Terre. C'est de cette hiérogamie inépuisable qu'ont pris naissance les premiers dieux, les Cyclopes et autres êtres monstrueux.

Mais, à la différence des autres dieux célestes, Ouranos a une fécondité périlleuse. Ses créatures ne ressemblent pas aux formes qui peuplent aujourd'hui la Terre, mais sont des monstres (aux cent bras, aux cinquante yeux, d'immense stature). Comme il les « haïssait dès le premier jour » (Hésiode), Ouranos les cachait dans le corps de la terre ( Gaia), qui souffrait et gémissait. Encouragé par Gaia, le dernier de ses enfants, Kronos, attend que son père s'approche de la Terre, comme il le faisait à la tombée de chaque nuit, lui coupe l'organe générateur et le jette dans la mer. La mutilation d'Ouranos met un terme à ses créations monstrueuses et, par là même, à sa souveraineté.

Quelle que soit l'explication de ces créations aberrantes, le fait est qu'Ouranos a disparu du culte dès avant les temps historiques. Sa place a été prise par Zeus, dont le nom exprime clairement l'essence céleste. Comme Dyaus, Zeus conserve les valeurs onomastiques « éclat » et « jour ». Étymologiquement, il est solidaire du grec dios (divin) autant que du latin dies (jour). Mais évidemment, il ne faudrait pas limiter son domaine à ce qu'on a nommé abusivement « le ciel serein, lumineux, brillant », en considérant ses fonctions météorologiques comme des développements ultérieurs ou des influences étrangères. La foudre était l'arme de Zeus et les lieux frappés par l'éclair lui étaient consacrés. Les titres de Zeus sont transparents et témoignent tous plus ou moins directement de ses rapports avec la tempête, la pluie, la fertilité. C'est ainsi qu'on l'appelle Ombrios et Hyettios (pluvieux), Urios (celui qui envoie les vents favorables), Astrapios (qui foudroie), Bronton (celui qui tonne), etc. On l'appelle Georgos (fermier) et Chthonios, parce qu'il commande la pluie et assure la fertilité des champs.

Zeus est, naturellement, souverain ; mais il a conservé plus nettement que d'autres dieux célestes son caractère de « Père ». Il est Zeus pater (Dyaus pitar, Jupiter), archétype du chef de la famille patriarcale. Les conceptions sociologiques des ethnies aryennes se reflètent dans son profil de pater familias. Cette fonction explique Zeus Ktêsios, le Hausvater que les Hellènes ont transporté dans toutes leurs migrations et qu'ils représentaient comme un véritable génie domestique, sous forme de serpent. « Père » et « Souverain », Zeus devient tout naturellement la divinité de la cité, Zeus Polienos, et c'est de lui que les rois recevaient leur autorité. Mais cette polymorphie peut toujours se réduire à la même structure : la suprématie appartient au Père, c'est-à-dire au Créateur, l'artisan de toutes choses. Cet aspect « créateur » appartient[...]

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