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MYTHOLOGIES Dieux et déesses

Les déesses dans la préhistoire

La Vénus de Willendorf - crédits :  Bridgeman Images

La Vénus de Willendorf

Les déesses jouent un rôle religieux important à partir du Néolithique, à la suite de la découverte et de la diffusion de l'agriculture. Mais déjà à l'époque aurignacienne le culte des « déesses mères » se fait jour. En effet, de nombreuses statuettes féminines ont été découvertes dans les sites de la dernière période glaciaire, sur un territoire immense : du sud-ouest de la France jusqu'à Malte ou au bord du lac Baïkal (Sibérie), et du nord de l'Italie jusqu'au Rhin. Il s'agit de statuettes de femmes de 5 à 25 cm, sculptées en pierre, en or ou en ivoire. Parmi les plus célèbres figurent la « Vénus de Lespugue », statuette d'ivoire de 14,7 cm de haut, et la « Vénus de Willendorf », figurine de calcaire de 11cm de haut.

Les spécialistes estiment qu'il s'agit d'un phénomène culturel unitaire, et que la signification des statuettes est religieuse. Certains auteurs pensent qu'elles représentent des « déesses mères », d'autres croient qu'elles sont des « idoles » de la fécondité. Mais ces termes convergent et expriment parfois la même réalité religieuse. Les statuettes découvertes en Sibérie occidentale et en Russie ont été trouvées près des parois d'habitations creusées dans le sol ou dans des niches – ce qui indique qu'elles jouaient un rôle dans la vie de tous les jours. En d'autres termes, il s'agissait d'idoles, figurant très probablement les ancêtres mythiques des familles ou des clans. Elles étaient donc bien les « déesses mères » des hommes. Pendant l'Aurignacien, les chasseurs de mammouths ont pratiqué une certaine forme de sédentarité ; ce qui amena un changement dans le statut social et religieux de la femme. Par conséquent, on peut supposer que les statuettes représentaient les idoles de la déesse mère, en qui les chasseurs aurignaciens voyaient la source de toute créativité et la protectrice des hommes, du foyer et du gibier.

Le culte des déesses mères a connu une grande diffusion pendant le Néolithique. Dans les cabanes des paysans danubiens, on a trouvé des statuettes féminines grossièrement façonnées. Malheureusement, nous ignorons les rites et les mythologies qui les concernaient. On peut supposer que ces agriculteurs se rassemblaient « à l'occasion de certaines fêtes saisonnières pour célébrer solennellement le culte de la déesse, ils promenaient peut-être sa statue en procession à travers les champs, ils devaient lui faire des offrandes, lui adresser des prières et se livrer à des danses rituelles afin d'obtenir sa bénédiction » (J. Maringer). Il existait peut-être de grandes statues qui se dressaient dans des sanctuaires régionaux ou tribaux ; mais elles étaient faites de matières périssables et ne se sont pas conservées.

Des statuettes féminines ont été trouvées dans tous les sites néolithiques de la Méditerranée, du Proche-Orient, de l'Iran et de l'Inde. Elles sont parfois stéatopyges, la plupart du temps nues et les jambes ouvertes, ou pressant leurs seins, indiquant ainsi leurs pouvoirs nourriciers. Les déesses sont également mises en rapport avec le monde animal : elles sont flanquées de fauves (lions, panthères...), entourées de serpents et d'oiseaux. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un type bien connu de divinité – la « dame des animaux » – attesté également chez certaines populations archaïques vivant encore de la chasse ou de la pêche : c'est le pendant féminin du « seigneur des animaux » des chasseurs primitifs. La déesse Sedna des Esquimaux en constitue un excellent exemple. Sedna est la mère des animaux marins : elle peut retenir ceux que poursuivent les chasseurs, plongeant ainsi les hommes dans la misère ; et elle peut également accorder le gibier en abondance.

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