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MYTHOLOGIES Dieux et déesses

La grande déesse : la Terre-Mère

Les déesses des cultures néolithiques et des premières civilisations du Proche-Orient, de l'Iran et de l'Inde sont avant tout des divinités de la fertilité, en relation avec la terre, les eaux et la végétation. Leurs statues et leurs effigies illustrent leur consubstantialité avec la végétation, spécialement avec l'agriculture. En fin de compte, elles expriment l'inépuisable fécondité de la Terre.

En effet, la Terre est la mère universelle. Eschyle glorifie la Terre qui« enfante tous les êtres, les nourrit, puis en reçoit à nouveau le germe fécond » (Choéphores, 127-128). Une conception analogue survivait encore au xixe siècle parmi certaines tribus primitives. Un prophète de la tribu nord-américaine Umatilla refusait de travailler la terre : « C'est un péché, disait-il, de blesser ou de couper, de déchirer ou de griffer notre mère commune, par des travaux agricoles. » Et il ajoutait : « Vous me demandez de labourer le sol ? Irai-je prendre un couteau pour le plonger dans le sein de ma mère ? Mais alors, lorsque je serai mort, elle ne me reprendra plus dans son sein. Vous me demandez de bêcher et d'enlever des pierres ? Irai-je mutiler ses chairs afin d'arriver à ses os ? Mais alors je ne pourrai plus entrer dans son corps pour naître de nouveau. Vous me demandez de couper l'herbe et le foin et de le vendre et de m'enrichir comme les Blancs ? Mais comment oserais-je couper la chevelure de ma mère ? »

L'hymne homérique dédié à Gaia (Terre) exalte « la Terre, mère universelle aux solides assises, aïeule vénérable qui nourrit tout ce qui existe [...]. C'est à toi qu'il appartient de donner la vie aux mortels, comme de la leur reprendre [...]. » C'est la raison pour laquelle la grande déesse, la Terre-Mère, est considérée non seulement comme la source de la vie et de la fertilité, mais aussi comme la maîtresse du destin et la déesse de la mort. Dans l'Inde, Durgā-Kālī est à la fois créatrice et destructrice, principe de la vie et de la mort.

En Mésopotamie, Ishtar est la déesse de l'amour par excellence, mais aussi la déesse de la guerre. On l'appelle « Dame de l'amour », « Reine du plaisir », mais aussi « la Vaillante », « la Dame des batailles ».

Parmi les noms de grandes déesses, les plus connus sont Ardvî et Anâhita en Iran, Ishtar à Babylone, 'Atar'ate en Syrie, Astarté en Phénicie, Tanit à Carthage, Déméter et Aphrodite en Grèce, Cybèle en Asie Mineure. Toutes ces déesses présentent une structure analogue. Elles expriment la sacralité de la vie et le mystère de la fertilité, mais aussi le caprice et la cruauté. D'un côté, elles prodiguent la vie, la force et la fécondité ; à l'opposé, elles apportent la guerre ou les épidémies. Presque toutes sont des déesses de la vie, de la fertilité et de la mort tout ensemble. En un certain sens, on peut déchiffrer dans leur personnalité la valorisation religieuse de la vie cosmique, avec tous ses mystères et toutes ses contradictions.

Ishtar

Un des mythes les mieux connus de la déesse Ishtar raconte sa descente aux enfers, où les morts vivent dans les ténèbres et se nourrissent d'argile. Parvenue au seuil de l'enfer, Ishtar demande au portier de lui ouvrir. Celui-ci en réfère à la reine des morts, la déesse Éreshkigal, sœur d'Ishtar et épouse de Nergal, dieu des enfers. Éreshkigal exige qu'à chacune des sept portes qu'elle doit franchir, Ishtar se dépouille d'un de ses vêtements ou ornements : d'abord sa tiare, puis ses pendants d'oreilles, son collier, sa ceinture, les anneaux de ses mains et de ses pieds, enfin « le vêtement de pudeur de son corps ». En cet état de nudité, qui l'assimile aux morts, Ishtar arrive devant sa sœur. Désarmée, impuissante, elle ne peut pas s'échapper.[...]

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