MYTHOLOGIES Le monde gréco-romain
La soumission de la Grèce à la puissance romaine au IIe siècle avant J.-C. a représenté sans aucun doute une étape décisive dans le long processus d'acculturation des Romains au contact du monde grec. Présents depuis longtemps déjà parmi les différents peuples italiques du fait de leurs échanges avec les cités de Grande-Grèce (Tarente, Syracuse, Crotone, Cumes...), les thèmes et les références tirés de la mythologie grecque se multiplient alors dans l'art romain naissant. Mais cette mythologie d'emprunt qui hantera jusqu'à sa disparition la civilisation romaine hellénisée laissera pourtant intacte une religion autochtone essentiellement ritualiste, assez peu préoccupée par ces mythes fondateurs ou leur commentaire cosmogonique et philosophique.
Le monde divin grec
Les dieux grecs ont eu longue vie ; ils ont fait l'objet d'un culte pendant presque deux millénaires, depuis le xve siècle avant J.-C., quand les scribes au service de maîtres achéens (les premiers Grecs installés en Hellade) inscrivaient les noms de certains d'entre eux sur les tablettes en linéaire B de la Cnossos crétoise, jusqu'au ive siècle de l'ère chrétienne, au moment où le christianisme, par la grâce de Constantin, devint religion officielle de l'Empire romain. Entre ces dates si éloignées, croyances et cultes se sont modifiés certes, comme les autres composantes de la vie sociale, mais les figures majeures du panthéon sont demeurées en place ; avec des variantes suivant les moments, les lieux, les cités, la société de l'au-delà n'a pas cessé, aux yeux des Grecs, de rassembler, en des équilibres relativement stables, les membres d'une famille divine dont l'épopée homérique, dès le viiie siècle, brossait le tableau coloré.
Les puissances majeures
Au sommet de l'Olympe, dominant l'Univers, Zeus souverain, maître du Ciel, Père des dieux et des hommes, avec son épouse légitime, l'irascible Héra, la royale, sa propre sœur ; ensuite, les deux frères du prince : Poséidon, seigneur de toutes les eaux, des rivières, de la mer, du fleuve Océan, dont le flux ceinture le monde, Ébranleur du sol, maître des chevaux ; puis Hadès, dont le lot est de régner sur le monde souterrain et le peuple des morts, dans les Ténèbres que jamais ne perce la lumière du jour. Sœur de Héra et des trois dieux qui se sont partagé le monde, Déméter dispense les fruits de la terre cultivée et les bienfaits de la civilisation ; associée, comme la mère à la fille, à Coré-Perséphone (souveraine des Enfers à côté de Hadès), elle patronne les mystères qui promettent aux initiés un sort meilleur dans cette vie et dans l'autre.
À la génération suivante, les enfants de Zeus et de Léto : le garçon, Apollon, prophète inspiré, musicien, purificateur des souillures, des crimes de sang, des fautes religieuses, dieu de la parole exacte et de la juste expiation, avec en mains l'arc et la lyre ; la fille, Artémis, vierge chasseresse, gracieuse et inquiétante sauvageonne ; toutes les bêtes lui appartiennent et les jeunes, garçons ou filles ; parcourant les terres incultes, aux confins de la cité, elle opère sur les marges ; elle veille à ce que soit respectées, alors même qu'elle aide à les franchir, les frontières qui séparent les bêtes des hommes, le sauvage du civilisé, la jeunesse de l'âge adulte. Deux autres déesses, vouées comme Artémis à une totale chasteté, refusent le statut d'épouse : Athéna et Hestia. Fille préférée de Zeus (elle a surgi en arme de sa tête), la vierge Athéna triomphe dans tous les travaux, pacifiques et guerriers, qui exigent prudence avisée, réflexion subtile, savoir-faire ingénieux ; elle tient cette puissance mentale de sa mère, l'océanide Métis, l'Intelligence rusée, que Zeus, pour se l'assimiler toute, a avalée aussitôt après l'avoir[...]
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Écrit par
- John SCHEID : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
- Giulia SISSA : chercheur au C.N.R.S.
- Jean-Pierre VERNANT : professeur honoraire au Collège de France
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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