MYTHOLOGIES Le monde gréco-romain
Le panthéon romain
Le panthéon des dieux romains, même à l'intérieur des religions officielles, résultaient de l'absorption progressive de cultes extérieurs s'ajoutant au vieux fonds italique et parfois même indo-européen de Rome. Non seulement la cité romaine, comme les autres cités gréco-romaines, était hospitalière aux dieux étrangers, mais souvent elle accordait même « la citoyenneté pleine » à telle ou telle divinité étrangère venant de près ou de loin. Par exemple, la religion publique de Rome comprenait plusieurs types de rites, le rite romain, le rite grec, le rite étrusque, auxquels s'ajoutèrent au fil des siècles les coutumes égyptiennes ou syriennes. Nous nous limiterons ici aux divinités romaines traditionnelles, en excluant même la religion grecque, qui transmit pourtant à Rome tout le trésor de sa mythologie. Et nous nous placerons à une époque de stabilité relative, en quelque sorte à l'âge d'or des religions romaines, entre les années 100 avant J.-C. et le milieu du iiie siècle après J.-C., autrement dit à l'époque où la formation de l'Empire et celle des religions de Rome s'achèvent, et avant les grandes mutations du ive siècle. L'ensemble des religions romaines qui s'inscrivent dans ces limites peuvent être définies par trois traits majeurs : ce sont des religions polythéistes, strictement communautaires et ritualistes.
Divinités multiples
Les dictionnaires mythologiques ou les index des sources antiques donnent l'impression que les dieux des Romains étaient innombrables et que leur nombre n'a cessé d'augmenter. Ce sentiment est à la fois exact et trompeur. Car, si les panthéons romains se sont effectivement enrichis sans cesse, le culte des Romains ne consistait pas à adorer n'importe qui et n'importe quoi. Certes, ceux-ci vivaient toujours avec plusieurs divinités, dont le nombre pourtant n'était, dans le culte, jamais illimité. Il était défini et contrôlé strictement ; il dépendait, en outre, d'un cadre social précis. En tant que membre d'une famille, un Romain adorait quelques dieux de la famille et, en tant qu'habitant d'un quartier, ceux du quartier. Comme membre de tel groupe de citoyens ou de telle corporation, il honorait les divinités tutélaires d'un collège d'artisans ou celles de son camp militaire ; enfin, comme citoyen, il rendait un culte sur la place publique aux divinités de la cité. Telle était la situation à Rome et dans toutes les cités d'Italie et des provinces de l'Empire. Additionnées, ces divinités atteignent un nombre vertigineux ; envisagées dans le cadre de la pratique religieuse, elles ne sont, après tout, pas tellement nombreuses.
En tout cas, les dieux étaient toujours une pluralité, mais ils ne se confondaient pas. À l'intérieur d'un groupe religieux considéré, chaque divinité possédait une fonction et un mode d'action propres, précis et uniques, qu'elle exerçait dans différents contextes et qu'elle n'outrepassait pas. Jupiter était le souverain des dieux et des hommes dans la religion publique. Avec ses collègues humains – les magistrats suprêmes et, à partir du début de l'ère chrétienne, l'empereur –, il gouvernait la cité et le monde, mais il ne faisait que cela. Il aurait été incongru de lui demander de faire pousser les céréales. Cette opération était du ressort d'une autre divinité, Cérès, qui ne patronnait d'ailleurs pas non plus tout ce qui touchait à la vie des céréales – et ainsi de suite. En revanche, tous ces dieux se prêtaient main-forte ; mieux même, ils ne pouvaient pas se passer les uns des autres. Solidaires dans leur action et associés dans une même liturgie ou dans une suite de liturgies, les dieux romains formaient des groupements aux contours variables.
Ces systèmes[...]
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Écrit par
- John SCHEID : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
- Giulia SISSA : chercheur au C.N.R.S.
- Jean-Pierre VERNANT : professeur honoraire au Collège de France
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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