NABATÉENS
L’histoire
LesNabatéens ont sans doute émergé parmi les populations d’Arabie qui se sont sédentarisées entre le ive et le iiie siècles avant J.-C. et qui, comme elles, ont développé une tradition funéraire que l’on retrouve aux iiie et iie siècles à Mleiha (aux Émirats arabes unis auj.) et à Qaryat al-Faw (au sud de l’Arabie Saoudite actuelle), puis au iie siècle à Pétra.
Pour les historiens et les archéologues, l’histoire des Nabatéens commence véritablement en 312 av. J.-C., date de deux expéditions successives que mènent contre eux, à Pétra, Antigone le Borgne, l’un des successeurs d’Alexandre, ainsi que son fils Démétrios. À cette époque, les Nabatéens sont déjà des commerçants caravaniers engagés dans le négoce à longue distance de la myrrhe, de l’encens et autres aromates précieux provenant des lieux de leur production, en « Arabie heureuse » (l’Arabia Felix de Claude Ptolémée), et très prisés autour de la Méditerranée. Les revenus qu’ils ont tirés de leur rôle d’intermédiaires et de convoyeurs dans ce commerce leur ont permis de développer d’importants programmes architecturaux dans les villes où ils se sont installés. Parmi les principaux sites nabatéens, on peut citer Bosrâ (Syrie), Pétra, Khirbet at-Tannûr, Wadi Ram et Humayma (Jordanie), Hégra et al-Badʿ (Arabie Saoudite), Mampsis et Avdat (Néguev).
À la fin du ive siècle avant J.-C., les Nabatéens paraissent, dans le récit de Diodore, encore peu sédentarisés. Les niveaux les plus anciens obtenus dans les fouilles réalisées dans le secteur du temple principal de Pétra, le Qasr al-Bint, montrent d’ailleurs que les premières constructions, des bâtiments domestiques nabatéens et sans doute un bâtiment de culte précédant le grand temple et construit sous le niveau de celui-ci, ne sont pas antérieures à la fin du iie-début du ier siècle av. J.-C. Par ailleurs, les Nabatéens ne s’installent à Hégra qu’aux alentours du milieu du ier siècle av. J.-C., dans le cadre d’une expansion vers le sud qui est peut-être à mettre en relation avec le développement de la navigation en mer Rouge et avec la nécessité de disposer de lieux de rupture de charge non loin des ports.
Toute l’histoire des Nabatéens, entre le iiie siècle av. J.-C. et le début du iie siècle apr. J.-C., est celle de l’émergence d’une puissance économique et politique régionale indépendante, reconnue sur la scène internationale. Des personnages dont on ne sait pas grand-chose apparaissent dans des sources disparates, sans qu’il soit possible d’établir un lien entre elles. Il s’agit, par exemple, d’un homme – dont le nom commence par M – qui est dit « roi des cavaliers arabes », dans une épigramme du poète macédonien Posidippe de Pella composée entre 280 et 252 av. J.-C. Témoigne également de cette montée en puissance des Nabatéens le fait que la tournée diplomatique d’un ambassadeur de la ville de Priène, en Asie Mineure, en 129 av. J.-C., passe à la fois par Alexandrie et par Pétra, qui était donc déjà une ville importante.
Plusieurs événements de l’histoire des Nabatéens sont relatés dans les Antiquités juives et la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe. Ils dénotent les relations alternativement conflictuelles et pacifiques qu’ils entretiennent avec le royaume séleucide (312-64 av. J.-C.) et avec la dynastie des rois juifs asmonéens, leurs voisins (140-37 av. J.-C.). En 100 av. J.-C., le roi asmonéen Alexandre Jannée occupe le port de Gaza, dont les habitants avaient en vain appelé le roi nabatéen Arétas II à la rescousse. Le roi nabatéen Obodas I (96-85 av. J.-C.) remporte quant à lui une victoire sur le même Jannée dans une bataille qui a lieu dans le Golan en 93. On notera également que la mère d’Hérode le Grand était nabatéenne. Les Séleucides, de leur côté, soucieux de préserver leur hégémonie dans la région,[...]
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Écrit par
- Laïla NEHMÉ : directrice de recherche au CNRS
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ALPHABET
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Gilbert LAFFORGUE
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Le nabatéen, créé chez une tribu arabe au sud-est de la mer Morte pour écrire l'araméen (iie s. av. J.-C.), est, après la chute du royaume local (106 apr. J.-C.), employé pour transcrire un parler arabe. Peu à peu transformé, il devient l'écriture arabe (vie s. apr. J.-C.), qui n'évoluera... -
ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
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...absorbèrent le vieux peuple d'Edom (vers le vie s. av. J.-C.). Elles fondèrent le royaume de Nabatène dont la capitale fut appelée par les Grecs Petra. Ces Nabatéens s'enrichirent grâce au commerce de transit et furent les alliés de Rome. La civilisation hellénistique dominait dans le royaume. En 106,... -
HÉGRA SITE ARCHÉOLOGIQUE D'
- Écrit par Laïla NEHMÉ
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JORDANIE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Philippe RONDOT
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...avoir soumis les Ammonites, les Moabites et les Édomites, il fait de Jérusalem la capitale politique d'un grand État palestinien. Sept siècles après David, les Nabatéens, une tribu arabe, fondent leur royaume dans le pays de Moab et d'Édom et installent à Pétra leur capitale. Ses ruines, impressionnantes,... - Afficher les 8 références