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NABATÉENS

La religion

La religion des Nabatéens, polythéiste, fait partie des religions dites de l’Arabie préislamique. On retrouve ainsi, dans son panthéon, trois déesses vénérées à La Mecque avant l’islam : Allât, al-‘Uzzâ et Manawâtû (Manawât). Elles sont mentionnées dans les versets 19 à 23 de la sourate de l’Étoile dans le Coran comme des idoles inventées que Dieu n’a pas confirmées. Les caractéristiques principales de cette religion sont le culte des idoles, représentées sous la forme de bétyles ou pierres dressées, l’existence d’un espace sacré voué aux divinités appelé ḥaram (terme dérivé du même radical que celui qui sert à désigner les lieux saints de l’islam, al-ḥaramayn), les sacrifices sanglants sur des autels aménagés dans les sanctuaires urbains ou ruraux, les processions et les associations religieuses.

Les Nabatéens ont également été influencés par les cultes gréco-romains, égyptiens, syriens et édomites (ces derniers étaient leurs prédécesseurs dans la région de Pétra). Une influence beaucoup plus nette à Pétra qu’à Hégra, où aucune divinité issue de ces domaines n’est prouvée. À Pétra, en revanche, des divinités telles que Qôs, dieu édomite, Atargatis et Ba‘alshamîn, dieux syriens respectivement de la végétation et des cieux, ou encore Isis l’Égyptienne, sont attestés à la fois dans les noms propres théphores (noms composés avec un nom de divinité), dans des dédicaces religieuses, sous la forme de bétyles ou de figurines en terre cuite.

En règle générale, les Nabatéens évoquaient leurs divinités sous une forme aniconique, c’est-à-dire dépourvue de toute représentation humaine ou animale. On trouve certes, à Pétra, un grand nombre de sculptures (environ 250, en ronde bosse ou en relief) à caractère religieux où figurent entre autres, parmi les plus nombreuses, Méduse, Aphrodite, Isis, Zeus, Dionysos, Athéna ou encore Nike (Victoire) ou Tyche (Fortune). Les dieux proprement nabatéens revêtant une forme figurée sont beaucoup plus exceptionnels et se limitent au roi divinisé Obodas.

Deux bétyles en relief posés dans une niche à édicule, Hégra (Arabie Saoudite) - crédits : Laila Nehmé

Deux bétyles en relief posés dans une niche à édicule, Hégra (Arabie Saoudite)

Les dieux nabatéens étaient donc figurés sous la forme de bétyles, étymologiquement « maison de dieu » (du sémitique bêt-el via le grec baitulos), c’est-à-dire des pierres dressées, taillées dans le rocher ou mobiles. D’après un lexicographe byzantin du xe siècle, Suidas, le bétyle du dieu nabatéen principal, Dûsharâ, est deux fois plus haut que large et « repose sur une base [appelée môtaben nabatéen] recouverte d’or ». Les Nabatéens « lui offrent des sacrifices et lui versent le sang des victimes ». Les bétyles se comptent par centaines sur les sites nabatéens, dans des contextes divers (dans les temples, le long des voies processionnelles, dans de petits sanctuaires rupestres), parfois placés par deux ou trois dans de véritables édicules. Un petit nombre d’entre eux seulement sont associés à des inscriptions qui permettent de les identifier. On connaît ainsi des bétyles de Dûsharâ, du Seigneur du temple (peut-être le même Dûsharâ), d’al-‘Uzzâ et d’al-Kutbâ et un au moins d’Isis. Quelques bétyles, dits « aux yeux » ou anthropomorphes, notamment d’al-‘Uzzâ, portent la représentation schématique d’un visage, avec des carrés pour les yeux et un rectangle pour le nez.

Les principaux dieux nabatéens sont un dieu masculin, Dûsharâ, parfois assimilé à Zeus ou à Dionysos, et une divinité féminine, al-‘Uzzâ, quelquefois identifiée à Aphrodite. Dûsharâ signifie « celui du Sharâ », du nom de la montagne qui borde le site de Pétra à l’est, et al-‘Uzzâ « la très forte ». Parmi les autres divinités nabatéennes connues par les sources on trouve Allât, la divinité arabe la plus importante à l’époque romaine, Manawâtû, la déesse du destin, les dieux Hubal et al-Kutbâ (dieu de l’écriture), ou encore Shay‘alqawm, dont le nom signifie « le compagnon de la tribu »,[...]

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Le royaume nabatéen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le royaume nabatéen

Deux bétyles en relief posés dans une niche à édicule, Hégra (Arabie Saoudite) - crédits : Laila Nehmé

Deux bétyles en relief posés dans une niche à édicule, Hégra (Arabie Saoudite)

Intérieur d’un tombeau, Hégra (Arabie Saoudite) - crédits : Laila Nehmé

Intérieur d’un tombeau, Hégra (Arabie Saoudite)

Autres références

  • ALPHABET

    • Écrit par et
    • 3 437 mots
    • 3 médias
    Le nabatéen, créé chez une tribu arabe au sud-est de la mer Morte pour écrire l'araméen (iie s. av. J.-C.), est, après la chute du royaume local (106 apr. J.-C.), employé pour transcrire un parler arabe. Peu à peu transformé, il devient l'écriture arabe (vie s. apr. J.-C.), qui n'évoluera...
  • ARABIE

    • Écrit par , et
    • 7 614 mots
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  • HÉGRA SITE ARCHÉOLOGIQUE D'

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  • JORDANIE

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    • 16 médias
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