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NABATÉENS

Les coutumes funéraires

Les Nabatéens croyaient en une vie dans l’au-delà et organisaient des cérémonies commémoratives, parfois dans des salles de banquet associées aux tombeaux, où on consommait de la viande. La présence d’un collier de dattes, encore fraîches lors de l’inhumation, autour du cou de l’un des défunts dans un tombeau de Hégra, ainsi que les offrandes alimentaires, solides ou liquides, déposées dans des réceptacles en céramique à l’intérieur des tombeaux ou devant la porte de ces derniers, témoignent de cette croyance. Les dépôts funéraires retrouvés à Pétra et à Hégra dans les tombeaux comprennent des clochettes en bronze, des lampes à huile, des vases en céramique, des bijoux le plus souvent en matériaux non précieux (bronze), des perles, des pointes de flèches, des petits objets tels que peignes, mouchoirs brodés, poids de tissage, figurines, scarabées, coquillages, etc. S’y ajoutent parfois des figurines en terre cuite représentant des animaux ou des divinités ainsi que des oboles à Charon, c’est-à-dire des pièces de monnaie placées sur les yeux ou dans la bouche des défunts et destinées, dans la mythologie grecque, à payer le passeur Charon pour qu’il les aide à traverser le fleuve de l’Achéron et à rejoindre le royaume des morts.

Les Nabatéens distinguaient également le corps de l’âme des défunts. De nombreux petits monuments commémoratifs appelés nefesh, terme dérivé d’une racine sémitique qui signifie « souffle, âme », sont taillés dans les rochers de Pétra, parfois à l’intérieur des tombeaux pour évoquer un défunt sans doute inhumé ailleurs. Leur forme varie entre le triangle allongé et l’obélisque et ils sont souvent posés sur une base rectangulaire.

Les tombeaux étaient placés sous la protection d’une ou plusieurs divinités nabatéennes, soit par l’ajout d’une formule de malédiction dans le texte juridique gravé sur la façade, soit par la présence d’un bétyle taillé à proximité immédiate. Le texte de l’un des tombeaux de Hégra dit ainsi : « Et que Dûsharâ, le dieu de notre seigneur et tous les dieux maudissent quiconque fera sortir cette Wushûh [la défunte] de cette niche funéraire pour l’éternité. Et que la malédiction de Dûsharâ et de tous les dieux témoigne de cela. » Les tombeaux étaient frappés d’une série d’interdits (inhumer une personne ne faisant pas partie des ayants droit, vendre, mettre en gage, enlever un corps, etc.) et les contrevenants devaient payer une amende, d’un montant variable, au dieu, au prêtre ou au gouverneur.

Défunte nabatéenne dans ses linceuls - crédits : Rozenn Douaud

Défunte nabatéenne dans ses linceuls

Les avancées les plus significatives ont été obtenues au cours des années 2000-2020, grâce à la fouille de plusieurs tombeaux nabatéens du site de Hégra. Le climat, plus sec sur ce site qu’à Pétra, a favorisé une meilleure conservation des restes organiques et des objets, notamment les textiles et les cuirs, à l’intérieur des tombeaux. La mise au jour d’une grande quantité de matériel archéologique et son étude par une équipe de spécialistes ont permis, pour la première fois, de restituer entièrement au moins un rituel funéraire. Ce rituel n’était probablement pas le même dans toutes les régions du domaine nabatéen et variait selon le type d’inhumation (tombe à fosse, tombe à puits, tombeau monumental, etc.). Celui qui était en vigueur à Hégra, au moins dans certains cas, avec quelques variantes sans doute, était organisé selon le modèle suivant, en sept étapes dont les six premières étaient vraisemblablement réalisées au domicile du défunt :

– un collier de dattes encore fraîches, enfilées sur un cordon végétal, était placé au cou du défunt ;

– le corps, à l’exception du visage pour les étapes 2 à 5, probablement nu car aucune trace de vêtement n’a été retrouvée, était enveloppé dans un premier linceul en laine finement tissée teinte en rouge par combinaison de plusieurs[...]

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Le royaume nabatéen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le royaume nabatéen

Deux bétyles en relief posés dans une niche à édicule, Hégra (Arabie Saoudite) - crédits : Laila Nehmé

Deux bétyles en relief posés dans une niche à édicule, Hégra (Arabie Saoudite)

Intérieur d’un tombeau, Hégra (Arabie Saoudite) - crédits : Laila Nehmé

Intérieur d’un tombeau, Hégra (Arabie Saoudite)

Autres références

  • ALPHABET

    • Écrit par et
    • 3 437 mots
    • 3 médias
    Le nabatéen, créé chez une tribu arabe au sud-est de la mer Morte pour écrire l'araméen (iie s. av. J.-C.), est, après la chute du royaume local (106 apr. J.-C.), employé pour transcrire un parler arabe. Peu à peu transformé, il devient l'écriture arabe (vie s. apr. J.-C.), qui n'évoluera...
  • ARABIE

    • Écrit par , et
    • 7 614 mots
    ...absorbèrent le vieux peuple d'Edom (vers le vie s. av. J.-C.). Elles fondèrent le royaume de Nabatène dont la capitale fut appelée par les Grecs Petra. Ces Nabatéens s'enrichirent grâce au commerce de transit et furent les alliés de Rome. La civilisation hellénistique dominait dans le royaume. En 106,...
  • HÉGRA SITE ARCHÉOLOGIQUE D'

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  • JORDANIE

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    • 16 médias
    ...avoir soumis les Ammonites, les Moabites et les Édomites, il fait de Jérusalem la capitale politique d'un grand État palestinien. Sept siècles après David, les Nabatéens, une tribu arabe, fondent leur royaume dans le pays de Moab et d'Édom et installent à Pétra leur capitale. Ses ruines, impressionnantes,...
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