NABUCHODONOSOR II
Le règne de Nabuchodonosor II (604-562 av. J.-C.) marque l'apogée de l'empire néo-babylonien et le second âge d'or de la civilisation babylonienne, le premier étant le règne de Hammourabi. Son père, Nabopolassar (Nabū-apal-uṣur), était un prince chaldéen, institué par les Assyriens gouverneur de la Babylonie ; secouant le joug de ses maîtres avec l'aide des Scythes et des Mèdes, il avait contribué à la prise de Ninive (612) et au partage de l'empire assyrien. Nabuchodonosor (Nabūkudur-uṣur, « Nabū protège le dauphin »), fils aîné du fondateur de la nouvelle dynastie, devait constituer un empire s'étendant du Tigre au Taurus et à la Méditerranée jusqu'au delta égyptien. Fidèle à l'alliance médique, sa politique conquérante a visé constamment à évincer l'Égypte de la Palestine et de la Syrie et à maintenir un équilibre entre l'empire mède et le royaume de Lydie, maître de l'Asie Mineure. Sa réussite fulgurante ne lui survécut guère : les courts règnes de ses quatre successeurs, fils et gendres, séparent d'un quart de siècle à peine sa mort de la prise de Babylone par les Perses (539).
Guerres de conquête et destruction du royaume de Juda (605-585)
Avant son avènement, le prince héritier Nabuchodonosor aurait été, selon Bérose, associé au trône. Uni à Amytis, fille du roi mède Cyaxare, il est commandant en chef des armées babyloniennes lors de la destruction de Ninive. En cette même qualité, il bat les Égyptiens à Karkémish et les oblige à se replier jusqu'à Péluse, à l'entrée du Delta (605), quand la mort de son père le fait roi. Pressé de regagner Babylone pour y défendre son trône contre les intrigues de son frère cadet, le vainqueur traite avec le pharaon Néchao : il se voit reconnaître la domination de la Syrie et prend pour seconde épouse Nitocris, fille du pharaon. Pendant cette trêve de courte durée, Nabuchodonosor lève sans difficultés le tribut dans ses provinces de l'Ouest.
Mais bientôt, à l'instigation de l'Égypte, le royaume de Juda se dresse contre lui, malgré les objurgations du parti des prophètes, pro-babylonien. Nabuchodonosor attaque Jérusalem dont le roi, Joaquim, disparaît, peut-être assassiné ; le successeur se rend après trois mois de règne et est remplacé par son oncle, Sédécias. Le vainqueur déporte à Babylone trois mille otages (597). L'année suivante, il dompte une révolte de l'Élam, la seule menace qu'il ait connue sur sa frontière orientale. Les intrigues égyptiennes, en réussissant à circonvenir Sédécias, contraignent Nabuchodonosor à intervenir une seconde fois : après un siège de dix-huit mois, la ville et le temple de Jérusalem sont brûlés, et Sédécias figure, enchaîné, au triomphe du vainqueur ; ainsi le royaume de Juda est définitivement dompté (587).
Deux ans plus tard, Nabuchodonosor, qui s'est insinué en Cilicie, fait reconnaître sa conquête en intervenant comme médiateur entre la Lydie et la Médie, en guerre depuis six ans. Une éclipse favorise la mission du diplomate babylonien qui fut le roi lui-même ou son gendre Nabonide ; la paix, conclue en mai 585, donne à Babylone deux avantages : elle confirme son accès à la Méditerranée et maintient l'équilibre entre ses voisins septentrionaux. À la même époque, la poussée de la Babylonie vers l'ouest, qui semble être la grande idée du règne, rencontre la résistance du royaume de Tyr, pôle d'attraction des caravanes et aboutissement des voies commerciales d'est en ouest, dont l'activité assure à la Mésopotamie la prépondérance économique. Nabuchodonosor commence à investir la place, mais il ne l'emportera que treize ans plus tard.
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Écrit par
- Guillaume CARDASCIA : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris
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