NABUCHODONOSOR II
L'œuvre intérieure et les campagnes de consolidation (585-562)
C'est au cours de cette période de paix toute relative que Nabuchodonosor semble avoir accompli la majeure partie de son œuvre constructrice. Héritière de la politique assyrienne, Babylone a remplacé le commerce d'exportation et d'importation par un commerce de transit, plus fructueux. Elle assure les échanges entre l'Orient indo-iranien et la Méditerranée. Sa prospérité économique donne à la capitale un éclat incomparable. Nabuchodonosor termine l'Etemenanki, la grande ziggouratcommencée par son père ; il restaure de nombreuses chapelles du temple de Mardouk ; agrandit, fortifie et décore le palais royal ; crée les jardins suspendus, une des merveilles du monde ancien ; trace dans la ville, à partir de la splendide porte d'Ishtar, une voie des « processions » large de vingt-deux mètres, et entoure la cité d'une enceinte de remparts de plus de quatre kilomètres.
Il ne néglige pas pour autant la province : Dilbat, Kutha, Sippar, Ourouk, Larsa, Our, Borsippa lui doivent des édifices resplendissants d'or, d'argent, d'ivoire et de bois précieux. L'art babylonien connaît une époque de splendeur à laquelle on n'a reproché qu'une certaine tendance à l'académisme.
Vers 578, une expédition dirigée contre les nomades conduit Nabuchodonosor en Arabie, plus profondément que n'avait été fait Assourbanipal, jusqu'aux confins du royaume de Saba. Mais surtout, en 573, l'assaut est donné à Tyr, dont le roi Itho'baal est fait prisonnier. La chute de cette cité commerçante couronnait toute la politique de Babylone. Vers la fin du règne (568), Nabuchodonosor dirige une nouvelle campagne contre l'Égypte, moins pour en entreprendre la conquête que pour écarter la menace d'une agression sur la Palestine : ses troupes occupent Daphnae, dans le Delta, mais ne poursuivent pas leur avantage.
Le règne de Nabuchodonosor est connu par trois sortes de sources : de nombreux textes économiques et administratifs, qui illustrent surtout la prospérité de Babylone ; des inscriptions royales où le roi exalte ses hauts faits mais qui ne suffisent pas à reconstituer sa vraie personnalité ; enfin, la Bible (notamment, II Rois, Jérémie, Daniel) qui en a livré une image terrifiante, mais aussi quelque peu légendaire : ainsi la « folie » de Nabuchodonosor (des accès de lycanthropie) serait la transposition du jugement porté sur la conduite de son successeur Nabonide. Le prestige de son nom est attesté par le fait que, quarante ans après sa mort, deux Babyloniens le reprirent successivement pour tenter de restaurer, contre les Achéménides, une dynastie nationale.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guillaume CARDASCIA : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris
Classification
Médias
Autres références
-
BABYLONE
- Écrit par Guillaume CARDASCIA et Gilbert LAFFORGUE
- 7 328 mots
- 14 médias
-
BALTHASAR
- Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
- 361 mots
-
DANIEL LIVRE DE
- Écrit par André PAUL
- 852 mots
-
ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique
- Écrit par François DAUMAS
- 12 278 mots
- 17 médias
...marches asiatiques de l'Égypte et bat à Meggido le roi Josias de Juda, qui, fidèle aux conseils des Prophètes, demeure dans l'alliance babylonienne. Mais Nabuchodonosor écrase Nekao à Karkémich (605) et jamais plus la dynastie ne pénétrera au-delà du Torrent d'Égypte. Le successeur de Nekao, Psammétique... - Afficher les 7 références