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KROUPSKAÏA NADEJDA KONSTANTINOVNA (1869-1939)

Née à Saint-Pétersbourg, Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa, fille de militaire, doit interrompre ses études à l'âge de quatorze ans à la suite de la mort de son père. Tolstoïenne convaincue, elle enseigne de 1891 à 1896 dans une école du dimanche et donne des cours du soir aux travailleurs. C'est à cette époque qu'elle découvre le marxisme et devient une militante active. Elle est parmi les fondateurs de l'Union de lutte pour la libération de la classe ouvrière. Elle y fait la rencontre de Lénine. Arrêtée au cours des grèves de 1896, condamnée à six mois de prison et trois ans de déportation en Sibérie, Kroupskaïa épouse Lénine. Dès lors, sa vie suivra fidèlement celle du dirigeant révolutionnaire. En 1901, elle émigre avec Lénine à Munich, puis à Londres. De retour en Russie de 1905 à 1908, le couple s'exile à nouveau. Kroupskaïa, tout en étant l'une des collaboratrices les plus efficaces de Lénine, se consacre plus particulièrement aux problèmes pédagogiques et à l'organisation de l'enseignement réellement formateur que devra promouvoir un État prolétarien.

Après octobre 1917, membre du collège du commissariat du peuple (équivalent d'un ministère) à l'Instruction, elle participe à l'organisation de la Fédération des femmes, à celle des mouvements de jeunesse soviétiques. Désorientée par la disparition de Lénine en 1924 et par les luttes politiques au sein de la direction du Parti communiste, Nadejda Kroupskaïa, dont les relations tant personnelles que politiques avec Staline s'étaient fortement dégradées au cours de la maladie de Lénine (1922-1923), est cantonnée peu à peu par le secrétaire général du parti dans un rôle purement honorifique. Elle est membre du comité central en 1927, et, en 1929, commissaire adjoint à l'Instruction. Mais, dès 1926, elle confie : « Si Volodya [Lénine] était vivant, il serait maintenant en prison », et elle est membre de l'Opposition unifiée avec Kamenev et Zinoviev. Après la capitulation de ces derniers, elle assistera dans un silence désespéré, coupé de rares déclarations d'allégeance que lui impose le maître, à la liquidation, pendant les années 1934-1938, de toute la vieille garde bolchevique.

Son influence dans le domaine de l'enseignement soviétique est importante : d'abord favorable à une disparition rapide de l'école, Kroupskaïa, dès le début des années trente, se rallie à une conception plus rigide de la pédagogie ; les conditions socio-économiques et politiques de l'U.R.S.S. l'y contraignent. Mais elle maintient, en revanche, l'idée d'un enseignement polytechnique liant à la fois la théorie et la pratique, l'école et la vie. En 1936 encore, elle dénonce devant le comité central du parti la politique mise en œuvre, qui abandonne l'enseignement polytechnique pour un enseignement plus étroitement spécialisé et qui tend de plus en plus à fermer les écoles à la réalité économique, sociale et politique.

— Paul CLAUDEL

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