NAGĪB ou NÉGUIB MUḤAMMAD (1901-1984)
Né à Khartoum (Soudan) d'un père capitaine de l'armée égyptienne devenu administrateur du condominium anglo-égyptien et d'une mère d'origine égyptienne, née et grandie au Soudan, Muḥammad Néguib fait dans ce pays ses études primaires et secondaires, puis entre à l'Académie militaire du Caire le 1er avril 1917. Il poursuit ses études après avoir été nommé officier, obtient en 1927 une licence en droit et entreprend jusqu'en 1931 la préparation de doctorats en économie politique puis en droit privé. Il perfectionne également sa pratique des langues étrangères. En 1939, il est breveté d'état-major et fait un voyage d'étude en Angleterre. Contemporain et sympathisant des luttes nationales, le lieutenant-colonel Néguib présente en 1942 sa démission, qui n'est pas acceptée, pour protester contre l'arrivée au pouvoir, imposée au roi par les Britanniques, de Nahhas Pacha, chef du Wafd. Il participe en 1948 à la campagne de Palestine. Blessé trois fois, sa popularité dans l'armée grandit. Il accède au rang de brigadier général (général de brigade). À diverses reprises il adresse aux ministres et au Palais des rapports sur l'impréparation de l'armée. Connu de tous les combattants, en contact avec certains des Officiers libres, il est élu en novembre 1951 président du conseil d'administration du Club des officiers par les jeunes cadres contre le candidat du roi. Après l'incendie du Caire, en janvier 1952, les Premiers ministres qui se succèdent à une cadence accélérée proposent par trois fois au souverain sa désignation comme ministre de la Guerre, mais en vain. Le général Néguib ne participe pas en personne au coup d'État du 23 juillet 1952, mais couvre l'entreprise de son autorité bonhomme. Commandant en chef de l'armée, il parvient avec l'aide d'‘Alī Māher, nommé à la tête du gouvernement, à écarter le roi, qui abdique le 26 juillet 1952 et quitte le pays le jour même. Premier ministre le 7 septembre 1952, il devient, le 18 juin 1953, président de la République. Mais, après une période de réformes et d'épuration, au cours de laquelle il accroît sa popularité en parcourant les provinces et en insistant sur son désir de rétablir le régime constitutionnel, des conflits d'abord feutrés éclatent entre le général et les membres du Conseil supérieur de la Révolution groupés autour de Gamal Abdel Nasser. La crise éclate au grand jour au début de l'année 1954. Écarté de ses fonctions le 25 février, il les retrouve quelques jours plus tard, ses adversaires reculant devant le risque d'affrontements entre militaires. Néguib tente alors de restaurer le régime constitutionnel. Le soutien empressé que lui apportent les politiciens ressoude les partisans de la poursuite de la révolution derrière son jeune rival, qui l'emporte le 29 mars 1954. Maintenu d'abord comme président de la République, mais sans pouvoir réel, il est démis de toutes ses fonctions le 14 novembre 1954. Il se voit dès lors assigner une résidence surveillée qu'il ne quittera plus tant que vivra Abdel Nasser. Les mesures limitant ses déplacements furent levées par le président Sadate en 1971. Il écrit alors des Mémoires dans lesquels il cherche, d'une part, à montrer qu'il a joué effectivement un rôle essentiel dans le renversement de la monarchie, et, d'autre part, qu'il est un ferme adepte du régime constitutionnel. Lors de son inhumation au Caire, il reçut les honneurs militaires sur ordre du chef de l'État Hosni Moubarak.
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Écrit par
- Robert SANTUCCI : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
Classification
Média
Autres références
-
ÉGYPTE - L'Égypte républicaine
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Sandrine GAMBLIN et Robert SANTUCCI
- 38 768 mots
- 16 médias
...comptes, un officier enfin suppléent le monarque pendant sa minorité. Les noms des membres du Conseil supérieur de la révolution sont connus le 27 juillet. Celui-ci comprend, outre le général Nagīb, dont on saura par la suite qu'il n'a pas fait partie de la direction collégiale des Officiers libres, onze autres...