NAISSANCE D'UN VOLCAN AU LARGE DE MAYOTTE
Une éruption volcanique sous-marine de grande ampleur a débuté le 10 mai 2018 à l’est de Mayotte. C’est l’une des plus importantes éruptions basaltiques documentées, après celle du volcan Laki en Islande en 1793, avec des volumes de lave de plus de 6 kilomètres cubes émis au fond de l’océan. Cette éruption, exceptionnellement longue (toujours active en décembre 2020), est à l’origine de la construction d’un édifice volcanique de plus de 5 kilomètres de diamètre et de plus de 800 mètres de hauteur impliquant des flux de lave de près de 200 mètres cubespar seconde. De nombreux séismes sont associés à cette éruption, certains ayant été fortement ressentis par la population. Depuis juillet 2019, Mayotte s’est enfoncée de 19 centimètres et s’est déplacée vers l’est (vers Madagascar) de vingt-quatre centimètres, ce qui est considérable.
Cet événement, exceptionnel en volcanologie, est la plus grosse éruption sous-marine jamais observée.
Contexte géodynamique de Mayotte
Mayotte, située dans l’océan Indien, est composée de deux îles principales (Grande Terre et Petite Terre). Ce département français fait partie de l’archipel des Comores, un chapelet d’îles situées entre l’Afrique et Madagascar. L’origine géodynamique de Mayotte n’est pas bien connue et plusieurs hypothèses sont proposées. Pour certains scientifiques, Mayotte serait le résultat d’un point chaud. Pour d’autres, le volcanisme serait lié au rejeu d’anciennes fractures océaniques. Pour d’autres encore, les îles des Comores pourraient s’aligner le long d’une limite entre les microplaques tectoniques Lwandle et Somalie. Mayotte n’a jamais été considérée comme une zone à haut risque sismique et volcanique. En effet, ces événements telluriques sont rares dans la région. Seuls quelques séismes ont été ressentis avant mai 2018 et la dernière trace datée d’une éruption volcanique est un dépôt de cendres vieux de 7 000 ans qui a été échantillonné dans le lagon de Mayotte.
Les structures volcaniques les plus récentes (cônes et cratères), vieilles de quelques milliers d’années (Holocène), se situent à l’est, sur l’île de Petite Terre. C’est aussi dans cette zone, près de l’aéroport, que des émissions de gaz (dioxyde de carbone et méthane) avaient été signalées au début des années 2000 et interprétées comme étant liées au dégazage d’un réservoir magmatique profond.
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Écrit par
- Nathalie FEUILLET : responsable de l'équipe de Géosciences Marines de l'Institut de physique du globe de Paris
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Médias