NAISSANCE D'UN VOLCAN AU LARGE DE MAYOTTE
Une activité sismique associée à la formation du volcan
L’activité magmatique a été à l’origine de plusieurs milliers de séismes dont plusieurs centaines ont été assez forts (d’une magnitude supérieure à 4) pour avoir été ressentis par la population parfois plusieurs fois par jour. Les séismes se produisent en essaims, c’est-à-dire qu’ils se succèdent, avec une magnitude comparable, dans une même zone et, dans le cas de l’éruption de Mayotte, sur des périodes de plusieurs mois. Ceci est typiquement le cas lors d’une activité magmatique.
Les séismes les plus importants se sont produits durant les deux premiers mois de la crise, à partir du 10 mai 2018, lorsque le réservoir magmatique a commencé à se fracturer et que le magma s’est propagé vers la surface en ouvrant des fissures dans la lithosphère. Le séisme le plus fort (magnitude 5,9) a eu lieu le 15 mai 2018. Il a occasionné des dégâts et déclenché une panique au sein de la population. Depuis, les séismes sont plus faibles et majoritairement situés au large de Petite Terre, à une distance de 5 à 10 kilomètres. Ces essaims sismiques sont particulièrement profonds (entre 25 et 50 km) ce qui est rarement observé. En plus de cette sismicité haute fréquence, de nombreux signaux très basse fréquence, très forts, d’une durée de 20 minutes pour certains, se sont produits. L’un des plus importants a eu lieu le 11 novembre 2018 et a été enregistré par de nombreuses stations sismologiques tout autour du globe. Depuis, plusieurs autres signaux de ce type ont eu lieu. Ils sont aussi typiques d’une activité volcanique et pourraient résulter de la résonance des conduits volcaniques en lien avec les mouvements de fluides (eau ou magma).
Le vidage du réservoir magmatique a engendré des déformations de la surface terrestre. Celles-ci ont été enregistrées à terre à Mayotte par huit stations GNSS (géolocalisation et navigation par un système de satellites). Mayotte s’est déplacée vers l’est et s’est enfoncée à des vitesses très importantes, de l’ordre de plusieurs centimètres par an, ce qui est exceptionnel. La modélisation de ces déformations a montré qu’elles sont bien liées au vidage d’un réservoir profond qui est situé à une distance d’environ trente kilomètres à l’est de Mayotte et à une profondeur de 20 à 30 kilomètres, selon les modèles.
La zone éruptive est désormais surveillée par le Réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (REVOSIMA). Celui-ci, opéré par l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP) depuis l’Observatoire volcanologique du piton de la Fournaise à La Réunion (OVPF), en coresponsabilité avec le BRGM et sa direction régionale à Mayotte, s’appuie sur un partenariat scientifique et technique avec principalement l’Ifremer, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). REVOSIMA a été créé à la demande du Premier ministre à l’automne 2019, après la découverte du volcan. Il organise la réponse scientifique et opérationnelle à cet événement. Les personnels scientifiques et techniques de ce réseau récoltent, traitent et analysent quotidiennement les données de déformation et de sismologie et organisent régulièrement des campagnes en mer pour suivre et documenter l’éruption et son évolution.
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Écrit par
- Nathalie FEUILLET : responsable de l'équipe de Géosciences Marines de l'Institut de physique du globe de Paris
Classification
Médias