NAISSANCE D'UNE NATION, film de David Wark Griffith
Entre 1908 et 1914, Griffith (1875-1948) tourne près de 450 courts-métrages de tous genres, mêlant la comédie et le western, adaptant aussi un grand nombre de récits littéraires de Jack London à Guy de Maupassant. Issu du Sud, il apporte son savoir-faire à la nouvelle industrie américaine du cinéma qui, dès 1911, a construit le premier studio de Hollywood, préférant la lumière de Los Angeles aux brumes de la côte est. Les producteurs à la recherche de formules de cinéma novatrices lui proposent de filmer la pièce The Clansman (1905) adaptée du roman de Thomas Dixon, un pasteur sudiste qui souhaitait populariser la cause des vaincus de la guerre de Sécession. Griffith s'engage à brosser à l'écran les tableaux de cette guerre civile qui ravagea l'Amérique de 1861 à 1865. En proposant un dispositif technique simplifié, il réussit à briser le cadre théâtral dans lequel le cinéma s'était jusqu'alors enfermé pour imposer une conception nouvelle du langage cinématographique. Ce premier long-métrage à gros budget (110 000 dollars) marque une étape dans sa carrière. Le tournage durera près de neuf semaines et sera suivi de plus de trois mois de montage. Mais le triomphe du film permet à la production de rentrer rapidement dans ses frais, les bénéfices représentant plus de 18 millions de dollars. Sorti le 8 février 1915 à Los Angeles sous l'intitulé The Clansman, le film prendra son titre définitif The Birth of a Nation le 3 mars 1915 à New York. D'ailleurs Naissance d'une nation ne cessera d'être projetée comme l'épopée emblématique de la nation américaine, jusqu'à l'avènement du cinéma sonore aux États-Unis. Une version sonore prendra le relais dès 1930, date à laquelle près de 100 millions de spectateurs l'avaient déjà visionné.
Adaptation romanesque de l'histoire
Le film s'inspire largement de l'histoire romancée par Dixon de la famille Cameron, riche planteur de Caroline du Sud. Le député abolitionniste et néanmoins ami Austin Stoneman de Pennsylvanie vient en visite avec ses deux fils et sa fille Elsie. Phil Stoneman s'éprend de Margaret, fille aînée des Cameron, tandis que Ben Cameron tombe amoureux d'Elsie Stoneman. La guerre civile éclate, opposant ces deux familles sudiste et nordiste, et ravage la plantation. Le Sud vaincu, une partie des Noirs, sous la conduite du mulâtre Silas Lynch, protégé de Stoneman et amoureux d'Elsie, continuent à faire régner la terreur. Ben Cameron organise la résistance, fonde le Ku Klux Klan et lance des expéditions punitives. Ils vengeront la mort de Flora, la jeune sœur de Ben, qui se jette d'une falaise pour échapper à Gus, un ancien esclave, qui cherche à la violer. Reconnaissant finalement leurs erreurs respectives, les Nordistes viendront au secours des Sudistes assiégés par des miliciens noirs. Un double mariage finira par unir les deux familles du Sud et du Nord, symbolisant la réconciliation définitive de l'Amérique.
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Écrit par
- Kristian FEIGELSON : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
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