NAISSANCE Néonatologie
À partir des années 1960, la médecine néonatale, qui dispense ses soins aux nouveau-nés, s'est beaucoup transformée.
Les progrès techniques se sont multipliés, tant la biochimie que les diverses méthodes d'imagerie permettant un raffinement sémiologique et un grand perfectionnement des connaissances physiopathologiques et pharmacologiques.
Les techniques de soins, en premier lieu la réanimation, ont fait des progrès gigantesques tant pour la protection de tous les nouveau-nés que pour le traitement de ceux qui sont atteints de maladies graves autrefois incurables.
En même temps ces progrès, largement connus du public, et le développement de la contraception ont changé la perspective en face de l'enfant désormais programmé et surinvesti, de sexe souvent connu bien avant sa naissance. Sa sécurité doit être assurée et aucune fausse manœuvre n'est désormais admissible. Cela est d'autant plus vrai d'ailleurs que des négligences dans les soins aux nouveau-nés peuvent entraîner des conséquences redoutables comme des lésions cérébrales définitives, terribles pour l'enfant et sa famille et financièrement lourdes pour la société.
Ces aspects techniques et sociaux ne doivent pas faire oublier les aspects psychologiques et humains de la venue au monde de l'enfant. Bien des faits ont déjà été mis en évidence sur les facultés sensorielles du nouveau-né (l'odorat en particulier qui lui permet de reconnaître sa mère) et l'importance de ses premiers contacts, sans oublier les surprenantes découvertes de l'éthologie.
Les parents sont, eux aussi, modifiés profondément par la naissance de leur enfant, et on touche là ce qu'à défaut de pouvoir mieux le préciser on appelle le « mystère de la vie ». Ce n'est pas le moindre paradoxe de la fonction du néonatologue que d'être confronté à la fois à une technologie de plus en plus complexe et aux aspects les plus profonds de la nature humaine ainsi qu'aux comportements les plus archaïques.
Physiologie du nouveau-né
À la naissance l'organisme doit brutalement s'adapter à la vie extra-utérine. La mise en route de la respiration est la plus urgente. Les alvéoles pulmonaires jusque-là collabées vont se déplisser lors de la première inspiration. Le premier cri accompagnant la première expiration témoigne de la réussite de cette opération.
L'adaptation circulatoire est déclenchée par la chute des pressions pulmonaires consécutive à l'aération fœtale. Elle entraîne la fermeture du canal artériel et du trou de Botal qui s'ouvrait entre cœur droit et cœur gauche (cf. figure).
L'adaptation hématologique met fin à l'hyperglobulie fœtale. La destruction de 500 000 à 1 million d'hématies par millimètre cube de sang va habituellement entraîner un ictère modéré (dit physiologique) parce que l'immaturité de la fonction de glycuro-conjugaison du foie le rend incapable d'éliminer rapidement la bilirubine libérée par cette hémolyse.
Épuration et nutrition qui se faisaient jusque-là au travers du placenta vont désormais dépendre des reins et du tube digestif. Pendant quelques semaines la paroi intestinale laissera filtrer certaines protéines qui pourront sensibiliser l'organisme, d'où l'importance de l'allaitement maternel, complété au besoin par des aliments équilibrés à base d'acides aminés ne contenant pas de grosses molécules protéiques.
Parmi les infirmités physiologiques du nouveau-né il faut en mentionner trois principales : thermorégulation imparfaite, glycémie instable, infection toujours menaçante.
– Les difficultés de la thermorégulation sont dues à la fois à l'importance relative de la surface cutanée et à la pauvreté de la thermogenèse.
– La facile survenue d'une hypoglycémie a lieu sous l'influence du refroidissement mais[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Lucien MICHON : docteur en médecine, chef du service de pédiatrie à l'hôpital Saint-Michel, Paris, directeur d'enseignement clinique au C.H.U. Broussais-Hôtel-Dieu
Classification
Média
Autres références
-
DÉMOGRAPHIE
- Écrit par Hervé LE BRAS
- 8 983 mots
...veuvage et du célibat définitif. À la fin du xixe siècle, plusieurs statisticiens cherchent à contourner ces obstacles en mesurant la proportion de naissances annuelles ou taux de fécondité en fonction de l'âge du père et de la mère (Körosi à Budapest par exemple). Cela ne résout pas l'épineuse... -
DÉSIR (notions de base)
- Écrit par Philippe GRANAROLO
- 3 094 mots
Et si le récit d’Aristophane était en réalité un récit de naissance ? Qu’est-ce que la naissance en effet, sinon la séparation brutale d’avec une partie de soi-même ? L’enfant ne peut avoir aucune idée de ce qu’est la mère en tant qu’être distinct de lui. Il faudra la longue phase du « stade du... -
ENFANCE (Les connaissances) - La petite enfance
- Écrit par Hélène STORK
- 8 741 mots
- 2 médias
Par rapport à la symbiose entre la mère et l'enfant qui caractérise la période intra-utérine, la naissance marque un profond bouleversement pour l'un et pour l'autre. On connaît bien les modifications physiologiques et psychiques qui, chez la mère, suivent l'accouchement : sentiment... -
ENFANCE (Les connaissances) - Développement psychomoteur
- Écrit par Didier-Jacques DUCHÉ
- 6 703 mots
- 1 média
Lanaissance, pour limitée qu'elle paraisse à des processus mécaniques et physiologiques, constitue néanmoins un traumatisme au sens global du terme, c'est-à-dire qu'elle retentit sur l'ensemble de l'organisation psychique par un afflux d'excitations qui est excessif par rapport à la tolérance du sujet.... - Afficher les 9 références