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NĀLANDĀ

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Un centre de création artistique

Les images de culte retirées des vestiges de l'ancienne Université s'échelonnent, semble-t-il, depuis environ la fin du viie siècle jusqu'à la fin du xie (soit de la période post-Gupta à la dernière phase Pāla) ; cependant, la plupart, tout en respectant les formules classiques, appartiennent au style Pāla qui commença de s'affirmer aux alentours de 750. En ce qui concerne respectivement les stèles de pierre et la sculpture de métal, les ateliers de Nālandā tinrent – avec ceux, tout proches, de Gayā-Bodhgayā et de Kurkihār – une place importante dans l'activité du Bihār méridional qui partagea avec le Bengale oriental le privilège de la création artistique sous les Pāla.

Leurs productions révèlent un souci d'élégance et d'équilibre, un goût prononcé pour la figuration des parures et la recherche d'une grâce affectée. Une subordination étroite aux canons de l'iconographie, de plus en plus rigoureux à mesure que s'enrichissait le panthéon bouddhique, conduisit les tailleurs de pierre à accumuler sur les stèles les attributs symboliques, à altérer les proportions des personnages et à durcir leurs attitudes. Les moments où s'infléchit l'inspiration coïncidèrent avec une éclipse de la puissance politique des Pāla, au xe siècle, et avec le déclin de sa fortune, dans les dernières années du xie siècle.

Les bronzes, quoique d'une bonne qualité, trahissent aussi une tendance à l'étirement des figures. Certains thèmes portaient le reflet des conceptions du bouddhisme évolué et connurent de ce fait le succès : le Bienheureux multipliant sa propre image à Śrāvastī, les scènes des « grands miracles » entourant le Buddha, le Buddha couronné et paré. Les représentations des personnages du panthéon bouddhique abondaient. Vajrasattva, une forme du Buddha primordial ; les Bodhisattva, Avalokiteśvara en tête ; des déesses, comme Tārā, contrepartie féminine du précédent, et Prajñaparamitā, la Suprême Sagesse personnifiée, apparaissent fréquemment ; le tantrisme introduisit dans le répertoire plastique des êtres d'aspect terrifiant, tel Yamāntaka, qui n'est autre que le Bodhisattva Mañjuśri terrassant la Mort.

Les divinités brahmaniques avaient également place dans ce répertoire. Des rapports particulièrement fructueux durent s'établir entre imagiers des provinces orientales de l'Inde et imagiers indonésiens, les uns et les autres puisant aux mêmes sources littéraires et les premiers ayant peut-être donné des modèles aux seconds. Un monastère de Nālandā (site no 1) destiné à héberger les pèlerins originaires de Sumatra aurait été construit à l'occasion d'une ambassade envoyée par le roi de cette contrée auprès de Devapāla (env. 810-850). C'est surtout dans le domaine des bronzes que d'étroites affinités de style et de techniques sont apparues entre des œuvres trouvées, d'une part, à Nālandā et à Kurkihār et, d'autre part, à Java (par exemple, à Ngandjuk, Java oriental).

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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