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NĀLANDĀ

Au cœur des ruines

Les ruines de briques chaudement colorées de la cité du savoir se répartissent de chaque côté d'une large voie orientée nord-sud. Huit monastères ( vihāra) s'ouvrent à l'ouest et deux au nord. Leur disposition varie peu. Un porche hypostyle y donnait accès à un vaste patio, pourvu d'un puits (et souvent d'un four) et cerné d'une galerie à colonnes sur laquelle s'ouvraient des cellules. Ces édifices comportaient un ou deux étages. Dans la cour du vihāra 1, deux chambres sont adossées au mur nord ; leur plafond voûté est réalisé à l'aide de briques de formes différentes ; une chapelle abritait une effigie colossale du Bienheureux et une estrade où probablement les professeurs prenaient place pendant les cours. Le temple, ou caitya principal (site no 3), domine de sa masse rose tout l'ensemble ; on l'aperçoit de loin au-dessus de la plaine fertile et verdoyante. C'est une sorte de pyramide tronquée dont l'âme serait le stūpa construit sur les reliques de Śāriputra et qui résulte de la superposition de structures exécutées au cours des âges. Les trois premières en constituent le noyau (invisible). Les quatre suivantes correspondent aux quatre derniers états du monument. On les a dégagées, ce qui permet d'admirer, sur les sixième et septième « enveloppes », d'importants fragments d'une élégante décoration de stuc recouvrant la brique sculptée des murs et des petits stūpa d'angles : des Buddha et des Bodhisattva, illustrant la première phase du style Pāla, occupent des niches qui alternent avec des pilastres. De nombreux stūpa votifs, de taille réduite, entourent la base du monument. Sur la face nord de celui-ci, un escalier à plusieurs volées conduit à une plate-forme où s'élevait jadis une chapelle abritant un Buddha gigantesque. Au nord du temple principal se trouvent trois autres temples (nos 12, 13 et 14), bâtis selon le même plan et dont chacun devait se distinguer par quelque détail d'ornementation et par l'image du Buddha que l'on y vénérait.

Enfin, à l'est du site, et séparé de ces lieux de culte par la rangée de monastères, le petit temple no 2 – dont la superstructure a disparu – présente, encastrés autour de son soubassement mouluré, deux cent onze panneaux de pierre sculptés, daté du vie ou du viie siècle et ayant fait sans doute l'objet d'un remploi. L'étude de l'architecture et de la conception du décor à Nālandā appelle des comparaisons avec Mainamati et Pahārpur, deux fondations bouddhiques des périodes pré-Pāla et Pāla au Bengale.

— Rita RÉGNIER

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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