NAMIBIE
Nom officiel | République de Namibie (NA) |
Chef de l'État et du gouvernement | Nangolo Mbumba (depuis le 4 février 2024, par intérim) |
Capitale | Windhoek |
Langue officielle | Anglais |
Unité monétaire | Dollar namibien (NAD) |
Population (estim.) |
2 688 000 (2024) |
Superficie |
824 292 km²
|
Histoire
Une société multinationale
Le passé colonial de la Namibie est bref (un siècle), mais mouvementé. Ce pays, presque inconnu au xixe siècle, est pénétré d'abord par des missionnaires, notamment ceux de la mission protestante rhénane, suivis de marchands allemands. C'est l'un d'eux (A. Lüderitz) qui pose les premiers jalons de la conquête aboutissant, en 1884, à l'établissement d'un protectorat allemand. Mais jusqu'en 1907 persiste l'agitation de tribus autochtones, Ovambos et surtout Hereros, contre lesquelles le général von Trotha devait lancer son fameux ordre d'extermination (Vernichtstungbefehl) : « N'épargnez aucun homme, aucune femme, aucun enfant, tuez-les tous. » En 1914, le général sud-africain Botha envahit le territoire à la demande de Londres et obtient la reddition allemande. C'est cette région, alors « Bothaland », que la Société des Nations attribuera en 1920 à l' Union sud-africaine en tant que territoire sous mandat, appelé Sud-Ouest africain, à charge d'y poursuivre une « mission sacrée de civilisation ».
Ce rappel sommaire d'histoire coloniale ne rend toutefois pas compte de la complexité des structures sociologiques et économiques d'un pays qui occupe 3 % de la superficie totale du continent africain et abrite moins de 0,2 % de sa population. On distingue quatre grands groupes ethniques. Les Khoisans, qui se subdivisent en Bochimans (Bushmen), Damaras et Namas-Hottentots, sont les survivants des populations aborigènes. Les Bantous comprennent une dizaine de tribus bien distinctes parmi lesquelles figurent les Kavangos, les Hereros et surtout les Ovambos qui constituent à eux seuls la moitié de la population africaine de Namibie. Installée dans le nord du pays, région de loin la plus peuplée, l'ethnie ovambo est elle-même compartimentée en sept tribus autonomes (Kwanyamas, Ndongas...) et en clans particularistes. Ce sont les Ovambos qui étaient les plus nombreux dans la S.W.A.P.O. Les sang-mêlé regroupent plusieurs communautés issues de métissages divers au cours de l'histoire (les Oorlams, les Rehobothers ou Bastards, les métis émigrés d'Afrique du Sud). Enfin, le groupe européen (environ 120 000 pers., soit 7,5 % de la population totale) se répartit en Afrikaners (75 000 pers.), anglophones (10 000 pers.) et une solide communauté de souche allemande (20 000 pers.) qui a gardé sa langue et ses traditions. Cet aspect multiculturel et pluriethnique explique les débats constitutionnels sur certains points chauds, notamment sur l'adoption de l'anglais comme langue officielle de la république, alors que les Namibiens parlent tous l'afrikaans dans la vie quotidienne.
Le navigateur portugais Diego Cão plantait en 1484 la première croix chrétienne en Namibie, à Cape Cross. C'est seulement quatre siècles plus tard que l'évangélisation devait se répandre avec l'arrivée des différentes églises missionnaires. Longtemps alliées au colonisateur, les Églises namibiennes ont développé, pour la plupart depuis les années 1960 surtout, une véritable théologie de la libération et soutenaient l'objectif de l'indépendance. Les quelque 80 % de chrétiens namibiens se répartissent en luthériens (40 %), catholiques (19 %), réformés hollandais (9 %) et autres confessions (anglicans, presbytériens, etc.).
L'intégration à l'Afrique du Sud
En vertu du mandat qu'elle détenait de la Société des Nations, l'Afrique du Sud pouvait administrer cette région comme « partie intégrante de son territoire », sauf à respecter les termes du mandat et à se soumettre au contrôle international. Durant un demi-siècle (1920-1970), elle a procédé à une annexion de facto sur le plan administratif et politique.
À deux reprises déjà (en 1925 et en 1949), le Parlement sud-africain[...]
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Écrit par
- Charles CADOUX : professeur agrégé à l'université d'Aix-Marseille-III, ancien doyen de la faculté de droit et des sciences économiques de l'université de Madagascar
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Reginald H. GREEN : professeur associé à l'université du Sussex (Royaume-Uni), membre de l'Institut d'études en développement
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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