NAMUR
Au confluent de la Meuse et de la Sambre, Namur est dominée par sa citadelle. La croissance récente de sa population (113 000 habitants en 2023) en fait la plus dynamique des grandes villes wallonnes : elle le doit au fait d'avoir été choisie en 1986 comme capitale de la Région wallonne. Établie entre les anciens bassins charbonniers du Hainaut et de Liège, elle n'a pas connu de grands développements industriels au xixe siècle, ni donc par la suite de problèmes de reconversion majeurs. Elle est située au croisement des deux grands axes wallons : l'ancien axe industriel ouest-est, longé sur son flanc nord par l'autoroute de Wallonie, et l'axe Bruxelles-Brabant wallon-Luxembourg, qui place Namur à l'avant-poste de la dynamique périmétropolitaine induite par Bruxelles. La ville abrite une petite université, issue des facultés jésuites de Notre-Dame de la Paix.
Avant de devenir chef-lieu de la province qui porte son nom en 1815 (et durant la période française du département de Sambre-et-Meuse), Namur fut chef-lieu de comté. Le site de l'éperon de confluence avait donné lieu à une implantation humaine de longue date : oppidum gaulois, vicus romain, castrum mérovingien, centre du pagus Lomacensis carolingien, devenu comté de Namur au début du xe siècle. La ville était une étape de la navigation mosane, comme Dinant, Huy, Liège ou Maastricht. En 1421, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, racheta la ville et le comté à Jean III de Dampierre. En 1559, Philippe II y installa un évêché. Lors des troubles religieux, don Juan d'Autriche prit la ville en 1577. Il y mourut l'année suivante, alors qu'il menait la reconquête des Pays-Bas révoltés contre Philippe II. Namur fut plusieurs fois assiégée et prise aux xviie et xviiie siècles, tant par les Français que par leurs ennemis : en 1692, Louis XIV assista à son siège et Vauban en fit la plus forte place des Pays-Bas méridionaux. Au traité d'Utrecht (1713), elle devint une place de Barrière face à la France, abritant une garnison hollandaise. Entourée entre 1889 et 1892 d'une ceinture de forts, Namur faisait partie avec Liège de la ligne de défense de la Meuse, qui tomba rapidement aux mains des Allemands en 1914 et à nouveau en 1940.
Si le noyau originel de la ville était au pied de l'éperon de confluence, sur la rive droite de la Sambre, l'essentiel de la ville historique s'est toutefois développé dans la plaine alluviale sur la rive gauche. Son patrimoine de grande qualité date surtout des reconstructions du début du xviiie siècle, après les destructions de 1692 et de 1695 : cathédrale Saint-Aubain, en style baroque tardif du xviiie siècle, sur un plan tréflé, coiffée d'un dôme ; église Saint-Loup, monument baroque du xviie siècle ; nombreux hôtels particuliers, dont celui de Groesbeeck de Croix ; pittoresque quartier de la rue des Brasseurs, en bordure de la Sambre. La maison des Sœurs de Notre-Dame abrite un trésor, dont des œuvres de l'orfèvre mosan Hugo d'Oignies (xiiie siècle). Namur fut aussi le lieu de naissance du peintre, dessinateur et graveur Félicien Rops (1833-1898), et abrite un musée qui lui est dédié.
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Écrit par
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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