- 1. Quels sont les enjeux des nanotechnologies ?
- 2. Pourquoi s'inquiète-t-on de la toxicité des nanoparticules ?
- 3. Quelles sont les voies potentielles d'exposition aux nanoparticules et comment peut-on caractériser cette exposition ?
- 4. Quels sont les dangers potentiels de l'exposition aux nanoparticules ?
- 5. Quels sont les mécanismes cellulaires et moléculaires qui peuvent être à l'origine d'une toxicité des nanoparticules ?
- 6. Des études récentes montrent que certains nanotubes de carbone sont responsables chez la souris de lésions semblables à celles de l'amiante
- 7. Peut-on évaluer correctement les risques associés aux nanomatériaux ?
- 8. Bibliographie
NANOTECHNOLOGIES (enjeux et risques)
Quelles sont les voies potentielles d'exposition aux nanoparticules et comment peut-on caractériser cette exposition ?
La population susceptible d'être la plus exposée aux nanoparticules et nanotubes est celle des travailleurs de l'industrie, par voie respiratoire et/ou cutanée. À l'échelle mondiale, 2 millions de travailleurs devraient être concernés d'ici à 2010 (A.F.S.S.E.T., 2006). Cette estimation est sans doute faible si on considère les différentes applications potentielles et, en dehors de la production directe des nanoparticules dans un nombre limité d'entreprises industrielles, une dissémination mal contrôlée chez des fabricants divers qui n'en maîtriseront pas forcément les risques est à craindre. L'exposition directe et indirecte de la population générale devrait également augmenter rapidement, étant donné leur présence dans un nombre de plus en plus grand de produits de consommation courante (cosmétiques, produits d'hygiène, textiles, médicaments, aliments) et une contamination possible des milieux (air, eaux et sols) [Rapport A.F.S.S.E.T., 2006 ; Comité de la prévention et de la précaution, 2006].
La peau, l'appareil digestif et l'appareil respiratoire sont les voies d'entrée potentielles des nanoparticules manufacturées ; cependant, les études publiées concernent pour l'essentiel la voie respiratoire. C'est elle qui est la plus probable pour les travailleurs dans les usines de fabrication et dans l'environnement général si les nanoparticules se détachent de leur support au cours des processus d'usure. L'évaluation actuelle de l'exposition aux particules atmosphériques environnementales ou en milieu de travail, qui se fait en mesurant la masse de ces particules par mètre cube d'air, ne paraît pas adaptée aux nanoparticules (Oberdörster et al., 2005). La mesure du nombre de particules par volume est plus pertinente. Cependant, actuellement, seules les fibres d'amiante sont dénombrées à partir de mesures au microscope électronique, un procédé très lourd et très coûteux. Les données les meilleures sont celles qui associent la distribution en taille, la surface, la masse et le nombre pour un volume donné. Elles ne sont pratiquées actuellement qu'à titre expérimental dans le domaine de la recherche et les appareils disponibles sont encore coûteux. Malgré tout, il est essentiel d'avoir une évaluation fiable de l'exposition par la voie respiratoire pour pouvoir correctement apprécier le risque et protéger efficacement les travailleurs dans les usines ainsi que la population générale.
L'exposition par la peau a également été étudiée, étant donné l'usage des nanoparticules de dioxyde de titane TiO2 et d'oxyde de zinc ZnO dans les produits cosmétiques dont les crèmes solaires. Un rapport européen récent limite le risque de franchissement de la barrière cutanée aux peaux lésées (Opinion Safety of Nanomaterials in Cosmetic Products, S.C.C.P. 2007), mais préconise des recherches complémentaires et une révision du classement du TiO2, qui est actuellement considéré comme non toxique sous sa forme micrométrique.
La quantification de l'exposition par la voie alimentaire est très incertaine en l'absence de données précises sur les nanoparticules dans l'alimentation. Cependant, il est bien connu que des particules peuvent franchir la barrière intestinale et se retrouver ainsi dans l'organisme.
Il apparaît donc avec ce bref résumé des expositions potentielles que, si la voie respiratoire est la plus probable, les autres voies ne doivent pas être éliminées, en particulier la voie digestive, encore trop peu étudiée et que, pour une bonne évaluation de risque, il serait souhaitable d'avoir une appréciation des parts respectives des différentes voies de contamination.
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Écrit par
- Francelyne MARANO : professeur d'université
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Média