NANTERRE
Nanterre, préfecture des Hauts-de-Seine, dont la population s'élevait à 94 190 habitants en 2013, s'étend sur un vaste territoire parmi les plus stratégiques d'Île-de-France. Depuis un siècle, plusieurs éléments clés ont marqué le destin de la ville, tout en contribuant à dessiner les contours d'une identité complexe.
Nanterre est située au nord-ouest de Paris, à l'intérieur d'une des boucles de la Seine qui forme une plaine bordée par les pentes du mont Valérien. En 1800, c'est un bourg rural de 2 000 habitants et un relais entre Paris et Saint-Germain-en-Laye. Au xixe siècle, la ville est peuplée d'agriculteurs et de vignerons, mais aussi de rentiers et d'artisans arrivés à la faveur de la première ligne de chemin de fer (1837). La ville compte 14 140 habitants en 1901 et se développe autour de l'élevage, du maraîchage, des petites industries et des carrières.
Trois temps forts vont ensuite marquer la ville et impulser une dynamique tant urbaine qu'économique et sociale.
Nanterre va tout d'abord changer de visage à partir des années 1920, en s'orientant vers une vocation industrielle au détriment de l'activité agricole. Des industries s'y installent (chimie, fonderie, automobile...) et l'on assiste à la juxtaposition de grandes unités de production et de petits ateliers. Dans le sillage de cette industrialisation, une population à dominante ouvrière afflue et côtoie une population de souche rurale et une petite bourgeoisie. En 1935, l'élection d'une municipalité communiste confirme le basculement sociologique de la ville. Celle-ci devient un des bastions de la « ceinture rouge » autour de la capitale. De 1945 aux années 1960, l'essor industriel se double d'une croissance démographique forte. La ville passe de 60 283 habitants en 1956 à 83 528 habitants en 1962, et connaît de graves problèmes de logement. Des programmes de logements sociaux sont lancés, conformes à la pensée urbaine dominante. Mais, dans le même temps, apparaissent des bidonvilles, puis des cités de transit pour reloger ces populations le plus souvent immigrées.
En deuxième lieu, l'histoire de Nanterre ne peut se dissocier du lancement, en 1958, de l'aménagement du quartier de la Défense, largement imposé par l'État, et qui va entraîner des bouleversements considérables tant à l'échelle régionale que locale. Une partie des terrains communaux passent sous le contrôle de l'État et de son organisme aménageur tout puissant, l'Établissement public pour l'aménagement de la Défense (E.P.A.D.). L'État apparaît alors plus préoccupé du devenir de cette opération phare que de celui de la commune, et de vives tensions ponctueront leurs relations. Le nouveau quartier (qui s'étend également sur les communes de Courbevoie et de Puteaux) s'érige ; le modernisme architectural va de pair avec une tertiarisation des activités et l'implantation de nombreux équipements et des infrastructures de transports (A14...).
Enfin, en 1964, année de la création des Hauts-de Seine, la décision d'implanter un pôle administratif (préfecture, hôtel du département...) et la création de la faculté des lettres (qui deviendra en 1970 l'université de Paris-X), puis l'arrivée du R.E.R. en 1972 vont largement contribuer à faire de Nanterre un carrefour administratif et un pôle d'éducation important. C'est à cette époque également, en 1966, que Nanterre devient le siège du nouveau diocèse.
Cependant au cours des années 1970, la ville est confrontée à une crise grave et un mouvement profond de désindustrialisation. Puis, dans les années 1980, à l'image du département, on assiste à un nouvel essor économique. Il va s'accompagner d'un glissement vers le secteur tertiaire (notamment les services marchands aux entreprises),[...]
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Écrit par
- Pascale PHILIFERT : maître de conférences à l'université de Paris-X-Nanterre, géographe-urbaniste
Classification
Médias