NAPLES
L'image traditionnelle de Naples est celle d'une ville populaire située dans un golfe magnifique, dominée par le rythme du volcan du Vésuve (1 281 m) et entourée des îles de Capri, Ischia et Procida. Ainsi, malgré une position très discrète à l'échelle mondiale, la ville jouit d'un fort capital de notoriété et de représentations. Les images et les clichés attachés à Naples ont été élaborés sur la longue durée ; ils reposent sur des effets de contrastes entre splendeur et misère, paradis et enfer, ainsi que sur le mythe d'une harmonie perdue.
Aujourd'hui, Naples, capitale de la région Campanie, doit cependant être appréhendée à plusieurs échelles et sous des facettes multiples. La commune conserve 1 million d'habitants, dont près d'un quart vit dans le centre historique, qui demeure l'un des plus étendus et des plus peuplés d'Europe. Mais en l'absence d'une définition officielle de l'agglomération ou de l'aire métropolitaine, la province de Naples, avec 3 093 000 d'habitants en 2005, s'impose comme échelle de référence de la métropole, même si l'agglomération sise entre la presqu'île de Sorrente et au-delà du cap Misène, se projette au-delà des limites provinciales, en particulier au nord vers Caserte. Bien que, par sa population, Naples soit l'une des trois grandes métropoles italiennes, son poids économique et même culturel n'est pas à la hauteur de ce rang et la ville pâtit d'un véritable déclassement depuis plus d'un siècle.
« Voir Naples et mourir »
L'espace urbain de Naples − comme celui de Rome ou d'Istanbul − est modelé et stratifié par plusieurs millénaires d'histoire.
Une longue suite de dominations étrangères
Neapolis, colonie grecque de Cumes et capitale de la Campanie, est fondée vers le vi-ve siècle av. J.-C. Outre les nombreux vestiges qui affleurent au cœur de la ville, l'héritage de la cité gréco-romaine se lit nettement dans le tracé en damier des rues du centre antique autour des trois decumani : Spaccanapoli, via Tribunali, via Anticaglia. Fondations grecques, rues commerçantes et réservoirs de l'époque romaine, vestiges de basiliques paléochrétiennes s'imbriquent ainsi dans le sous-sol de la ville et, au-delà des limites communales, l'aire métropolitaine actuelle enserre des sites archéologiques parmi les plus visités du monde, de Pompéi et Herculanum jusqu'à Cumes.
Après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476 apr. J.-C., la ville fait l'objet d'âpres luttes entre Byzance et les Goths jusqu'en 763, date à laquelle elle devient un duché autonome. Elle résiste aux Lombards et aux Sarrasins, jusqu'à la conquête normande en 1137, puis celle, en 1194, de la dynastie germanique des Hohenstaufen.
L'arrivée des Angevins en 1266 marque durablement le destin de Naples qui, préférée à Palerme, est promue au rang de capitale du royaume des Deux-Siciles. Toutefois, la pérennité du statut de capitale du plus grand des États pré-unitaires est à nuancer. En effet, il s'agit à la fois d'une capitale sous influence, puisque la ville change plusieurs fois de maîtres − Aragonais, Angevins, monarchie espagnole, pouvoir autrichien, Bourbons −, et d'une capitale périphérique sur le plan politique et économique. Durant les deux siècles de domination espagnole (1503-1700), Naples est gouvernée depuis Madrid, par l'intermédiaire d'un vice-roi. Les épisodes de refus de toute domination étrangère font d'ailleurs partie de l'histoire de la ville avec, par exemple, la révolte de Masaniello contre les Espagnols en 1647 − à laquelle feront écho les Quattro giornate, en 1943, contre l'invasion allemande. C'est en 1734, sous la dynastie des Bourbons, que Naples devient la capitale[...]
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Écrit par
- Pascale FROMENT : docteur en géographie, ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay, maître de conférences en géographie à l'université de Provence
- Dominique RIVIÈRE : professeure de géographie à l'université Paris-VII-Denis-Diderot
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