NAPLES
Une des dernières grandes villes populaires d'Europe
Naples est volontiers présentée comme une ville populaire. Cette image est autant liée à la répartition spécifique par catégories socioprofessionnelles qu'à l'organisation sociospatiale de la ville.
Une géographie sociale originale
Les classes moyennes salariées sont sous-représentées alors que le poids des salariés peu qualifiés est relativement important. Mais au recensement de 2001, Naples comptait proportionnellement autant de catégories dites supérieures qu'à Milan − soit 23 p. 100 de la population communale − et bien davantage qu'à Turin, même si cette élite présente certaines caractéristiques typiques du Mezzogiorno, liées au contrôle et à la redistribution des ressources publiques.
La représentation des divisions sociales de l'espace napolitain est redevable au mythe tenace de la « promiscuité » résidentielle, c'est-à-dire d'un faible zoning social associé à une ségrégation de type vertical mixte au sein d'un même immeuble. En réalité, le passage à une ségrégation horizontale s'affirme dès la fin du xixe siècle avec les grands travaux d'urbanisme qui ont été à l'origine d'un véritable dédoublement du centre-ville, partagé entre catégories populaires et catégories aisées, ces dernières quittant leurs anciens palais pour les quartiers aérés de l'ouest. Cette ségrégation horizontale se confirme dans les années 1950, avec le dépeuplement du centre historique, accéléré après le tremblement de terre de 1980, au profit de la banlieue. Naples obéit dès lors à un double contraste centre-périphérie et est-ouest, au sein de la commune et pour l'ensemble de l'agglomération.
Par bien des côtés, l'évolution sociospatiale de Naples relève du modèle de la ville à trois vitesses, comme dans d'autres métropoles européennes. Elle connaît, en effet, l'extension des quartiers de relégation, en banlieue et dans les quartiers nord de la commune, stigmatisés par des taux record de chômage et l'importance des trafics illégaux, et voués à la démolition partielle − telles les « Voiles », logements sociaux du quartier de Scampia construits dans les années 1970. Elle est aussi soumise à une périurbanisation croissante, sous l'impulsion des classes moyennes qui partent vivre dans les communes éloignées de la périphérie. Enfin, au cours des années 1990 − soit plus tardivement qu'ailleurs − le centre historique a fait l'objet d'une réhabilitation qui ne s'accompagne toutefois pas encore d'un processus de gentrification.
Par d'autres aspects, l'évolution de la géographie sociale de la ville est profondément marquée par le poids du temps long qui lui confère des traits originaux, selon un modèle plus méditerranéen. À la différence des autres grandes villes italiennes ou européennes, il n'existe pas de banlieue chic, les catégories sociales aisées se concentrent largement dans les quartiers à l'ouest de la vieille ville, à proximité de la mer, à Chiaia ou au Pausilippe. Mais la spécificité majeure de Naples concerne le centre historique, qui est marqué par la pauvreté et par la présence de nombreuses activités productives relevant en partie de l'économie souterraine. En dehors des quartiers nord, les catégories populaires − et, de plus en plus, les immigrés − sont fortement représentées dans les zones dégradées de la vieille ville, encore très densément peuplées (330 hab./ha dans la zone de San Lorenzo). En outre, la fragmentation sociale se joue ici à l'échelle très fine de la rue ou de l'îlot comme, par exemple, dans les Quartiers espagnols.
Une politique de renouvellement urbain
Ce n'est donc pas un hasard si le centre historique, longtemps dédaigné par une partie des citadins et par[...]
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Écrit par
- Pascale FROMENT : docteur en géographie, ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay, maître de conférences en géographie à l'université de Provence
- Dominique RIVIÈRE : professeure de géographie à l'université Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias
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