Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NAPOLÉON, Abel Gance

Article modifié le

Une première version d’une durée de 3 heures 47 du Napoléon d’Abel Gance fut présentée le 7 avril 1927 à l’Opéra de Paris. Un mois plus tard, au théâtre Apollo de Genève, le film durait 9 heures 30. Surtout, le metteur en scène établit un projet de sept heures qu’il estimait définitif. Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque française, sollicité par Gance, allait travailler près de dix ans avec Marie Epstein pour réunir un matériau dispersé avant de présenter au festival de Venise, en 1953, une version de 3 heures 30 environ. La Cinémathèque française continua son partenariat avec Gance jusqu’à sa mort en 1981. Claude Lelouch comme Francis Ford Coppola dans les années 1970 apportèrent leur soutien au cinéaste et l’Anglais Kevin Brownlow fit ses propres recherches qui débouchèrent sur une projection de 5 heures 13 en 1983 au palais des Congrès à Paris.

Une œuvre-monstre

<em>Napoléon</em>, A. Gance - crédits : Jean Desboutin/ Iconothèque de la Cinémathèque française

Napoléon, A. Gance

La « Grande Version », de Gance, comme il l’appelait, qui devait durer sept heures, demeura un objectif pour la Cinémathèque pendant des années. Dès 2007, Georges Mourier fut l’expert chargé de restituer le projet originel. Après dix-sept ans de recherches, de rassemblement de copies positives dispersées sur la planète, en association avec la Cinémathèque de Toulouse, le CNC français, le MoMa, de New York, les laboratoires Éclair, France Télévisions, l’Image retrouvée, cette Grande Version est présentée au festival de Cannes 2024, avec une bande sonore puisée dans trois siècles de répertoire classique par Simon Cloquet-Lafollye. Puis une projection en juillet à la Seine musicale est organisée avec près de 300 exécutants dans la fosse d‘orchestre et reprise en France dans les salles commerciales : ce projet hors du commun a apparemment trouvé son accomplissement, même si ce work in progress de quatre-vingt-dix-sept ans n’a sans doute pas achevé sa carrière.

Napoléon fait jeu égal avec les chefs-d’œuvre épiques du cinéma muet, que sont Naissance d’une nation de D.W. Griffith (1915), Les Rapaces dErich von Stroheim (1923), Le Cuirassé Potemkine de S. M. Eisenstein (1925). En 1921, Gance avait rencontré Griffith à Hollywood. Il sortit La Roue en 1923, puis se jeta dans son rêve impérial : un projet de six films couvrant toute la vie de son héros, devant totaliser à peu près sept heures de projection. Pathé, malgré sa puissance, fut incapable d’assurer une pareille entreprise. Gance sollicita Italiens, Russes, Allemands, Tchèques... Finalement, quatorze mois de travail aboutirent à des centaines d’heures d’images tournées du 15 janvier 1925 à l’été 1926.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

<em>Napoléon</em>, A. Gance - crédits : Jean Desboutin/ Iconothèque de la Cinémathèque française

Napoléon, A. Gance

Autres références

  • GANCE ABEL (1889-1981)

    • Écrit par
    • 1 563 mots
    • 1 média
    ...l'Allemand Hugo Stinnes, qui ont créé une entreprise de production, la Westi Film Gmbh, qui s'est associée à d'autres producteurs, dont Pathé. Le tournage de Napoléon commence en janvier 1925. Interrompu par la mort de Stinnes et l'effondrement de son empire, il reprend de janvier à août 1926 avec une ambition...
  • PARLANT (CINÉMA) - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 3 205 mots

    1899 États-Unis. The Astor Tramp, « picture song » de Thomas Edison. Bande filmée destinée à être accompagnée d'une chanson chantée en salle (derrière l'écran) par des artistes invités.

    1900 France. Présentation par Clément Maurice du Phono-Cinéma-Théâtre à l’'Exposition universelle....