NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)
Le Consulat
La consolidation du pouvoir
La personnalité de Bonaparte (surnommé alors le Petit Tondu) était mal connue mais on faisait confiance à quelqu'un qui avait toujours été victorieux (Aboukir et Saint-Jean d'Acre étaient oubliés). On attendait de lui qu'il rétablisse la paix, qu'il mette fin au désordre et qu'il consolide les « conquêtes » politiques et sociales de la Révolution. Il était effectivement d'une intelligence exceptionnelle, prompt à se décider, doté d'une inlassable puissance de travail mais aussi d'une ambition insatiable. Il apparaissait comme un homme de la Révolution car c'est grâce à elle qu'il avait pu se hisser aussi jeune à la tête de l'État. Cependant, il était plus encore un homme du xviiie siècle : le plus éclairé des despotes éclairés, le véritable fils spirituel de Voltaire. Il ne croyait ni à la souveraineté du peuple ni à la volonté populaire, pas plus qu'au débat parlementaire. Il préférait les « hommes de talent » (fussent-ils cyniques) aux « techniciens » et pensait qu'une volonté éclairée et ferme pouvait tout faire avec le soutien des baïonnettes. Il se méfiait des masses, qu'il craignait. Quant à l'opinion publique, il pensait pouvoir la modeler à sa guise. On l'a qualifié de plus « civil » des généraux, mais fondamentalement il resta toujours un soldat.
Bonaparte imposa à la France une dictature dont la vraie nature fut d'abord masquée par la Constitution de l'an VIII (4 nivôse an VIII, 25 décembre 1799), conçue par Sieyès. Cette Constitution ne garantissait pas les « droits de l'homme », ne mentionnait pas non plus « la liberté, l'égalité et la fraternité », mais elle rassurait les partisans de la Révolution en proclamant l'irrévocabilité de la vente des biens nationaux et en maintenant les lois contre les émigrés. Le Premier consul nommait les ministres, les généraux, les fonctionnaires, les magistrats et les membres du Conseil d'État. Son influence était déterminante dans le choix des membres des assemblées législatives, en principe effectué au suffrage universel. En février 1800, cette Constitution fut approuvée par plébiscite à une écrasante majorité.
Le programme de réformes
Le travail de réforme administrative du Consulat, entrepris à l'instigation de Bonaparte, devait se révéler plus durable que la Constitution. À la tête du gouvernement se trouvait le Conseil d'État, nommé et présidé par le Premier consul. C'était à la fois la source des nouvelles lois et un tribunal administratif. À la tête des départements se trouvaient les préfets qui, succédant aux intendants de l'Ancien Régime, veillaient à l'application des lois et servaient d'agents de la centralisation. Le système judiciaire fut profondément transformé : les juges, qui étaient élus depuis le début de la Révolution, étaient à présent nommés par le gouvernement, leur inamovibilité garantissant leur indépendance. L'organisation de la police fut solidement renforcée. L'administration financière fut considérablement développée (recouvrement de l'impôt par des fonctionnaires spéciaux à la place des municipalités ; stabilisation du franc ; création de la Banque de France). L'éducation devint un service public majeur ; l'enseignement secondaire fut doté d'une organisation semi-militaire et les facultés furent rétablies. Toutefois, l'enseignement primaire restait négligé.
Tout comme Voltaire, Bonaparte estimait que le peuple avait besoin de religion. À titre personnel, le choix de cette dernière lui était indifférent. Cependant, il pensait que la paix religieuse devait être restaurée. Pie VII, devenu pape en mars 1800, fut plus accommodant que son prédécesseur. Après dix mois de négociations, la signature[...]
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Écrit par
- Jacques GODECHOT : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
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