NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)
L'exil à Sainte-Hélène
Le 15 octobre 1815, Napoléon débarquait à Sainte-Hélène avec ses compagnons d'exil volontaires : le général Henri-Gratien Bertrand, grand maréchal du palais, et sa femme ; le comte Charles de Montholon, aide de camp, également accompagné de son épouse ; le général Gaspard Gourgaud ; Emmanuel Las Cases, l'ancien chambellan ; ainsi que plusieurs domestiques.
Après avoir emménagé au domaine de Longwood, Napoléon s'habitua à une vie routinière. Il était libre d'aller partout dans l'île, pourvu qu'il fût accompagné d'un officier anglais, mais il refusa bientôt de se plier à cette condition. Il écrivit et parla beaucoup. Dans un premier temps, Las Cases remplit auprès de lui le rôle de secrétaire, compilant le futur Mémorial de Sainte-Hélène (publié en 1823). Une partie de son temps était consacrée à l'apprentissage de l'anglais, et il se mit peu à peu à lire les journaux dans cette langue. Il possédait également un grand nombre d'ouvrages en français qui lui avaient été expédiés d'Europe : il les lut attentivement et les annota.
De quelqu'un qui, pendant vingt ans, avait joué un si grand rôle sur la scène internationale, il était toutefois difficile d'attendre qu'il supporte la monotonie de la vie sur une petite île, doublée d'une réclusion volontaire. En outre, Marie-Louise (qui finit par épouser en secret l'officier autrichien chargé de veiller sur elle, le comte Adam de Neipperg) ne lui adressa aucune lettre et il n'avait aucune nouvelle non plus de son fils, qui vivait maintenant à Vienne avec le titre de duc de Reichstadt. Dès le début, Napoléon détesta son « geôlier », sir Hudson Lowe, en tant qu'ancien chef des Corsican Rangers, bande de volontaires largement constituée d'ennemis de la famille Bonaparte. Soucieux d'appliquer ses instructions avec exactitude, Lowe entra en conflit avec Las Cases, qu'il fit arrêter, puis expulser.
Napoléon donna les premiers signes de maladie (probablement un ulcère ou un cancer de l'estomac) à la fin de l'année 1817. Le médecin irlandais Barry O'Meara, ayant demandé en vain une modification de ses conditions de vie, fut démis de ses fonctions, tout comme son successeur, John Stokoe. Ils furent remplacés par un médecin corse médiocre, Francesco Antommarchi. On a évoqué un empoisonnement, mais cette thèse ne fait pas l'unanimité chez les spécialistes. À partir de mars 1821, Napoléon fut immobilisé dans son lit. En avril, il dicta ses dernières volontés, demandant à ce que ses « cendres reposent sur les rives de la Seine », au milieu de ce « peuple de France » qu'il avait « tant aimé ».
Le 5 mai, il prononça quelques mots : « Mon Dieu... la nation française... mon fils... à la tête de l'armée. » Il mourut à 17 heures 49, le même jour. Sa dépouille fut revêtue de son uniforme préféré, celui des chasseurs de la Garde, recouvert du manteau gris qu'il avait porté à Marengo. Napoléon fut inhumé dans la vallée de la Rupert, où il avait parfois marché, à côté d'un cours d'eau dans lequel se reflétaient deux saules. La stèle qui s'élevait sur sa tombe ne portait que la mention : « Ci-gît ».
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Écrit par
- Jacques GODECHOT : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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