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NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)

La légende napoléonienne

La chute de Napoléon donna cours à un déferlement de publications hostiles. Le pamphlet de Chateaubriand, De Bonaparte, des Bourbons et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes, pour le bonheur de la France et celui de l'Europe (1814), comptait parmi les plus modérés de ces ouvrages. Cependant, cette littérature ne tarda pas à se tarir, tandis qu'un travail de réhabilitation commençait. Dès 1814, Byron avait publié son Ode to Napoleon Buonaparte ; le poète allemand Heinrich Heine écrivit sa ballade, Les Deux Grenadiers, et, en 1817, Stendhal entreprit sa Vie de Napoléon. Au même moment, les plus fervents partisans de l'Empereur faisant circuler des souvenirs de lui, y compris des gravures. Ils idéalisaient sa vie (« Quel roman que ma vie ! », avait-il dit lui-même) et ainsi naquit la légende napoléonienne, qui s'amplifia rapidement après la mort de Napoléon. Des témoignages de ceux qui l'avaient suivi dans son exil y contribuèrent largement. En 1822, à Londres, O'Meara faisait publier son Napoleon in Exile ; or, A Voice from Saint Helena. En 1823, commença la publication des Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène sous sa dictée, de Montholon et Gourgaud. Las Cases, dans son fameux Mémorial, présentait l'Empereur comme un républicain hostile à la guerre et qui ne combattit que pour défendre la liberté. En 1825, ce fut au tour d'Antommarchi, qui publia ses Derniers Moments de Napoléon. Par la suite, le nombre des ouvrages à la gloire de Napoléon ne cessa d'augmenter. Parmi eux, l'Ode à la colonne de Victor Hugo, les 28 volumes des Victoires et conquêtes des Français, édités par Charles-Louis-Fleury Panckoucke et Life of Napoleon Buonaparte, Emperor of French de sir Walter Scott. Ni l'action de la police ni les poursuites judiciaires ne purent empêcher les livres, les images et autres objets évoquant la saga impériale de se multiplier en France.

La colonne Vendôme abattue - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La colonne Vendôme abattue

Après la révolution de juillet 1830, des milliers de drapeaux tricolores apparurent aux fenêtres et le gouvernement ne dut pas seulement tolérer le développement de la légende mais également l'encourager. En 1833, la statue de Napoléon fut érigée au sommet de la colonne de la place Vendôme, à Paris. En 1840, le fils du roi Louis-Philippe Ier, François, prince de Joinville, fut chargé de ramener les cendres de l'Empereur en France. Des funérailles grandioses furent célébrées à Paris en décembre 1840 et les mannes de l'Empereur, après avoir été transportées sous l'Arc de triomphe de la place de l'Étoile, furent placées dans un tombeau sous le dôme des Invalides. Le neveu de Napoléon, Louis-Napoléon, exploita la légende pour s'emparer du pouvoir en France et devenir à son tour empereur (1852).

La fin désastreuse du second Empire, en 1870, porta un coup à la légende napoléonienne et donna naissance à une nouvelle littérature antinapoléonienne. Le meilleur représentant de cette dernière fut Hippolyte Taine avec ses Origines de la France contemporaine (1876-1894). Cependant, les deux guerres mondiales, ainsi que les régimes dictatoriaux du xxe siècle, rendirent possible un jugement plus juste sur Napoléon. L'une des plus graves accusations faites à son encontre est d'avoir sacrifié des millions d'hommes à son ambition, d'où son surnom d'Ogre corse. Des calculs précis montrent que, de 1800 à 1815, les guerres napoléoniennes coûtèrent environ cinq cent mille vies à la France même – c'est-à-dire environ un soixantième de la population. Cependant, la disparition de ces hommes jeunes eut peu d'effet sur la croissance de la population.

La structure sociale de la France changea peu sous le premier Empire. Elle resta peu ou prou telle que la Révolution l'avait façonnée : les paysans[...]

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Portrait de Napoléon I<sup>er</sup>, Girodet-Trioson - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Napoléon Ier, Girodet-Trioson

<em>L’Empereur Napoléon dans son cabinet de travail aux Tuileries</em>, J.-L. David - crédits : Courtesy National Gallery of Art, Washington

L’Empereur Napoléon dans son cabinet de travail aux Tuileries, J.-L. David

Augustin de Robespierre - crédits : Musée Carnavalet/ Paris Musées ; CC0

Augustin de Robespierre

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