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NAQSHABANDIYYA

Confrérie religieuse musulmane, centrée sur la ville de Bokhārā (en Ouzbékistan soviétique), où le fondateur est mort et fut enterré en 1388, la Naqshabandiyya est un ordre asiatique — à l'exception des Comores (Anjouan) et, à partir du xvie siècle, des Serbes islamisés de Yougoslavie — qui est représenté en Turquie (soixante couvents ou tekke à Istanbul), en Iran (chez les Kurdes sunnites), en Inde (au Panjāb et au Kashmir depuis 1600) et jusqu'en Chine (au Gansu).

En Russie, un affilié naqshabandī, Darmand Darvish Bahā-ud-Din Vaisov, fonda une « maison de prières » à Kazan, sur la Volga, en 1862 ; il prêchait le refus de l'impôt, ce qui le fit entrer en relations avec Tolstoï. Son fils, ‘Inān (Ginan en transcription cyrillique) Vaisov, dirigea le Régiment de Dieu, s'engagea aux côtés des bolcheviks contre les autonomistes tatares (oct. 1917) et mourut au combat contre les musulmans, avec ses « vaisites », en février 1918. À Samarkand et surtout Boukhara, les Naqshabandiyya étaient assez nombreux pour qu'à la fin du xixe siècle quinze mille murīd (disciples) au moins aient pu suivre l'enterrement de leur maître (ishān). Les femmes étaient admises. Au Daghestan (à l'ouest de la Caspienne), la Naqshabandiyya a soutenu l'insurrection d'indépendance nationale du prince awar Shāmil (Chamyl) contre les Russes, de 1834 à 1859.

Le rituel de la confrérie est caractérisé par la récitation à voix basse des litanies et par l'oraison mentale. Cependant, en Indonésie (où la Naqshabandiyya s'est introduite à Sumatra, en pays minangkabau, depuis 1830, après la guerre dite de Paderi entre pèlerins puritains et conservateurs attachés à la coutume), ce sont des membres de la Naqshabandiyya (et de la Qādiriyya) qui, au nord-ouest de Java, au moment des fêtes anniversaires du Prophète (mulud), participent à des séances de dabus, ou coups de dague qu'on s'inflige réciproquement, avec un accompagnement de prières musulmanes.

— Vincent MONTEIL

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