MODI NARENDRA (1950- )
Un Premier ministre atypique
Investi dès 2013 pour conduire son parti lors des élections générales de 2014, il mène une campagne inédite, car très personnalisée et mobilisant des moyens énormes grâce au soutien des milieux financiers dont il est le candidat de prédilection. Le symbole de cette campagne d’un genre nouveau tient dans l’apparition de l’hologramme de Modi lors de meetings virtuels – sauf pour ce qui est du son – dans plusieurs villes de l’Inde simultanément.
Cette campagne, ajoutée à la crise de leadership que connaît le principal concurrent du BJP, le Congrès, permet à Modi de disposer d’une majorité absolue à la chambre basse du Parlement (282 sièges sur 543), ce qu’aucun Premier ministre n’était parvenu à obtenir depuis les années 1980, qui avaient ouvert l’ère des coalitions. Néanmoins, Modi nomme dans son gouvernement des ministres venant d’autres partis, à commencer par les membres de l’Alliance démocratique nationale, la coalition dont le BJP est partie prenante depuis la fin des années 1990.
Les ministres du gouvernement Modi comptent de toute façon assez peu, étant donné la concentration du pouvoir que le Premier ministre a introduite. Il contrôle d’ailleurs leur communication, aucun membre du gouvernement n’étant censé s’exprimer sans son autorisation. À cette innovation s’en ajoutent d’autres, comme la loi réformant la nomination des juges (dont l’indépendance pourrait s’en trouver érodée) et la suppression de la Commission au plan, qui avait notamment vocation à assurer la coordination entre les États et le pouvoir central. Le premier budget que Narendra Modi fait voter en juillet 2014 déçoit les milieux d’affaires, qui espéraient des mesures de libéralisation économique plus fortes. Le taux de croissance n’en repart pas moins à la hausse en raison de la confiance en partie retrouvée des investisseurs. Si Narendra Modi ne met pas en œuvre les réformes qu’il a promises pendant la campagne électorale, c’est en partie parce qu’il ne dispose pas d’une majorité à la chambre haute du Parlement, la Rajya Sabha, dernier lieu de pouvoir où le Congrès pèse encore. Il est cependant reconduit dans ses fonctions à l’issue des élections législatives de mai 2019, devenant ainsi le premier chef de gouvernement indien hors du Congrès à obtenir deux mandats consécutifs à la majorité absolue.
(Voir également INDE, chronologie contemporaine)
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christophe JAFFRELOT : directeur de recherche au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
Classification
Média
Autres références
-
ÉCONOMIE MONDIALE - 2021 : rebond, fractures sanitaires et fractures économiques
- Écrit par Jean-Pierre FAUGÈRE
- 5 986 mots
- 7 médias
Alors que l’Inde avait réussi à éviter le pire lors de la première vague de la pandémie, la gestion par le gouvernement de Narendra Modi de la deuxième vague se révèle désastreuse en 2021 : sous-estimation du phénomène, diffusion d’informations fantaisistes sur les remèdes, refus de vaccination,... -
INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Christophe JAFFRELOT et Jacques POUCHEPADASS
- 22 936 mots
- 25 médias
Mais le BJP doit surtout son succès à son nouveau chef de file,Narendra Modi, qui peut se prévaloir pendant la campagne des réussites économiques qu’il a obtenues au Gujarat, l’État qu’il dirige depuis 2001 et qui a toujours été en pointe au plan industriel. Avec 282 sièges et 31,2 % des suffrages,...