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LIUKIN NASTIA (1989- )

Un succès sportif prend encore plus de relief quand il est associé à une trajectoire atypique, voire symbolique. Le triomphe de la gymnaste américaine Nastia Liukin lors du concours général aux jeux Olympiques de Pékin, en 2008, a provoqué une vague d'émotion outre-Atlantique. Cette jeune Américaine a en effet réalisé un rêve que ses deux parents soviétiques n'avaient pu que tutoyer.

Nastia Liukin est née le 30 octobre 1989 à Moscou. Son père, Valeri Liukin, un Kazakh, champion du monde par équipes de gymnastique en 1987 et en 1991, décrocha certes l'or olympique en 1988 à Séoul (compétition par équipes et barre fixe), mais, pour un dixième de point, il abandonna la médaille d'or du concours général à son « compatriote » soviétique Vladimir Artemov. Quant à sa mère, Anna Kotchneva, championne du monde de gymnastique artistique et sportive en 1987, elle a vu son rêve olympique s'écrouler en raison d'une blessure qui l'a privée des Jeux de Séoul en 1988.

En 1991, alors que l'Union soviétique s'effondre, le couple décide d'émigrer et de partir pour les États-Unis, afin de tenter d'assouvir de nouveaux rêves dans ce pays aux multiples opportunités. Valeri et Anna gagnent La Nouvelle-Orléans, avec leur fillette de deux ans. Puis, en association avec Evgueni Marchenko, ancien champion du monde d'acrosport, ils ouvrent à Plano, dans la banlieue de Dallas, un centre d'entraînement à la gymnastique. Leur réussite professionnelle et financière se concrétise : ils créent deux autres complexes, deviennent des entraîneurs réputés et, enfin, obtiennent la nationalité américaine en 2000, tout comme leur fille.

Le couple, connaissant les rigueurs de l'exercice – trop de douleurs physiques et mentales, trop de souvenirs –, aurait souhaité que Nastia embrasse une carrière musicale plutôt que de s'adonner à la gymnastique. Mais ce fut le choix de leur fille... Son père ne consent pas immédiatement à l'entraîner ; cependant, irrité par les méthodes brutales du formateur de sa fille, il décide de la prendre en main alors qu'elle est âgée de neuf ans.

Travail, application, mais aussi tendresse et confiance seront désormais les maîtres mots de la relation entre l'élève et son professeur. Trop jeune de deux mois – les gymnastes doivent avoir au moins quinze ans pour participer aux Jeux –, Nastia Liukin se voit privée du rendez-vous olympique d'Athènes en 2004. Cela ne constitue pas une réelle déception pour elle, d'autant que son amie Carly Patterson, entraînée elle aussi par Valeri Liukin, remporte le concours général.

Sa déception est plus vive en 2005 : pour un millième de point, elle laisse filer la médaille d'or du concours général aux Championnats du monde de Melbourne, battue par sa compatriote Chellsie Memmel (37,824 points contre 37,823 points). Puis une blessure à la cheville droite ne lui permet pas de défendre ses chances aux Championnats du monde d'Aarhus en 2006.

Nastia Liukin, gymnaste élancée (1,60 m, 38 kg) à la plastique impeccable – des jambes interminables, une grâce infinie – devient néanmoins une star aux États-Unis. Un statut par définition éphémère, lequel est vite remis en cause : une décevante cinquième place du concours général aux Championnats du monde de Stuttgart en 2007, et les critiques fusent.

Mais Nastia Liukin fait taire tous les sceptiques lors du concours général des Jeux de Pékin en 2008. Devancée par sa compatriote Shawn Johnson après le saut, elle réalise aux barres asymétriques une prestation marquée par l'élégance, de belles combinaisons et d'impressionnants lâchers ; à la poutre, une quasi-perfection est atteinte ; enfin, au sol, elle s'inspire de la grâce passée de sa mère. Ce programme lui vaut une indiscutable médaille d'or. En Chine, elle obtient également trois médailles d'argent[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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