DESSAY NATALIE (1965- )
La voie royale des sopranos légers est jalonnée par une pléiade d'étoiles de première grandeur. Parmi celles-ci, citons Maria Ivogün, Rita Streich, Lily Pons, Mado Robin et Mady Mesplé. C'est dans la lignée de ces voix cristallines qui escaladent sans effort les aigus les plus escarpés que s'inscrit tout d'abord Natalie Dessay. Mais, lassée, après quelques années de pratique régulière, de ces rôles de « canari » dont le public lui faisait une cage dorée, elle s'est orientée, après avoir connu de sérieux problèmes de cordes vocales, vers des prestations moins acrobatiques et des personnages plus ouverts au drame. Et cela avec un succès qui ne se dément pas.
Nathalie Dessaix – qui modifiera pour la scène l'orthographe de son prénom (en hommage à Natalie Wood, selon ses dires) ainsi que celle de son nom – naît le 19 avril 1965 à Lyon. Au Conservatoire de Bordeaux, ville où elle passe son enfance, elle étudie le théâtre et le chant. Dans cette dernière discipline, elle obtient un premier prix à l'âge de vingt ans. Elle intègre alors les chœurs du Capitole de Toulouse, avec une seule idée : devenir soliste. En 1989, elle obtient en France le deuxième prix au concours des Voix nouvelles, ce qui lui permet d'entrer à l'école de chant de l'Opéra de Paris. L'année suivante, elle est lauréate d'un concours international organisé à Vienne en prélude au bicentenaire de la mort de Mozart, et elle triomphe au festival de Radio-France et Montpellier, incarnant de manière impressionnante Zerbinetta (Ariane à Naxos de Richard Strauss), sous la direction de Ken Nagano. Cette funambule, aux aigus stratosphériques, obtient en 1992, sur la scène de l'Opéra-Bastille, une consécration parisienne avec Olympia (Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach) dans une production décriée de Roman Polanski. Plébiscitée par des salles enthousiastes, elle renouvellera cet exercice de haute voltige jusqu'en 2001, avec huit metteurs en scène différents !
Pendant une saison (1993-1994), la Staatsoper de Vienne l'accueille dans sa troupe permanente et lui offre d'incarner Blonde (L'Enlèvement au sérail de Mozart). En 1994, elle chante sa première Reine de la nuit (La Flûte enchantée de Mozart), au festival d'Aix-en-Provence, sous la baguette de William Christie ; le 13 octobre de cette même année, elle effectue ses débuts au Metropolitan Opera (Met) de New York, dans le rôle de Fiakermilli d'Arabella de Richard Strauss, au côté de Kiri Te Kanawa dans le rôle-titre. En 1995, elle est fêtée dès sa première apparition à la Scala de Milan (Olympia) et ovationnée à l'Opéra-Comique de Paris dans le rôle-titre de Lakmé de Léo Delibes, où elle vocalise au-delà du contre-fa dans le célébrissime « Air des clochettes ». En 1996, deux albums enregistrés pour E.M.I. – Vocalises (Berliner Symphonie-Orchester, direction Michael Schønwandt) et Airs d'opéras français (Orchestre de l'Opéra de Monte-Carlo, direction Patrick Fournillier) – établissent définitivement sa réputation. Natalie Dessay ouvre son répertoire à Ophélie (Hamlet d'Ambroise Thomas, Grand Théâtre de Genève) et Aminta (Die Schweigsame Frau de Richard Strauss, Staatsoper de Vienne). En compagnie de son mari, le baryton français Laurent Naouri, et sous la direction de Marc Minkowski, elle interprète en 1997, au théâtre – à l'Opéra de Lyon, dans une mise en scène de Laurent Pelly – et dans les studios, Eurydice (Orphée aux Enfers d'Offenbach). C'est en véritable vedette – les médias ne résistent pas à son aisance devant micros et caméras ainsi qu'à son franc-parler – qu'elle se produit pour la première fois au festival de Salzbourg, en 1997, dans le rôle de la Reine de la nuit, avant de s'illustrer à Paris, au Théâtre du Châtelet, dans le rôle-titre du [...]
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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