NATIONALISME, musique
L'exil révélateur
L'exil, pour de nombreux musiciens, a été l'occasion d'une prise de conscience. Paris a joué un rôle complexe à la fin du xixe siècle et au début du xxe. La capitale française n'est pas seulement une terre d'accueil, un centre de formation pour les compositeurs, elle leur sert de révélateur tout en leur permettant de prendre du recul par rapport à leurs origines. Mais le fait de vivre loin de leur pays a certainement influencé leur devenir musical. Paris semble être le lieu de tous les espoirs mais aussi des illusions perdues. Qui sont ces compositeurs ? Et pourquoi ont-ils choisi Paris ?
Les uns sont venus s'y former (le Catalan Enrique Granados, le Roumain Georges Enesco, le Brésilien Heitor Villa-Lobos), les autres se perfectionner (les Espagnols Isaac Albéniz, Ricardo Viñes, Manuel de Falla, le Tchèque Bohuslav Martinů). Il faut signaler le rôle de professeurs comme Nadia Boulanger, Vincent d'Indy ou Albert Roussel qui toute leur vie durant ont reçu des centaines de jeunes compositeurs étrangers venus du monde entier.
Ces séjours ont parfois révélé les compositeurs à eux-mêmes en leur faisant prendre conscience de leur identité musicale nationale. Ainsi, on sait aujourd'hui que Paris a joué un rôle déterminant dans la renaissance de la musique espagnole. Les compositeurs espagnols qui arrivaient à Paris au début du xxe siècle fuyaient un pays déchiré par les guerres civiles qui s'étaient succédé tout au long du xixe siècle, et qui n'arrivait pas à se remettre des événements de 1898 lorsqu'en quelques semaines les restes de son empire colonial s'étaient écroulés.
Les premiers éléments nationalistes entrent ainsi dans la musique savante espagnole avec Albéniz, lors de son premier séjour dans la capitale française. C'est entre 1904 et 1909, qu'il compose Iberia, suite pour piano dans laquelle il intègre de nombreux rythmes issus de la musique populaire de son pays. Puis c'est au tour de Granados avec les Goyescas (1916) et de De Falla de composer une musique dans un langage où leur ibérisme s'affiche presque brutalement, par l'utilisation tant des rythmes et thèmes du folklore que par une technique d'écriture et d'orchestration qui marque leur origine sans contestation possible.
Le cas de l'Espagne est cependant particulier, puisque, avant même l'émergence des compositeurs ibériques, des musiciens de l'Europe entière, de Georges Bizet avec Carmen (1875), à Jacques Offenbach (La Périchole, 1868) en passant par le Capriccio espagnol (1887) de Rimski-Korsakov ou encore España (1883) d'Emmanuel Chabrier avaient employé des rythmes et des thèmes du folklore ibérique.
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Écrit par
- Antoine GARRIGUES
: ancien critique à
Sud-Ouest et àContact Variété , professeur d'improvisation et d'histoire de la musique
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