NATURE / CULTURE (notions de base)
Le temps des parenthèses
Que les cérémonials évoqués soient effectivement des rôles que jouent les individus semble démontré par l’existence d’« entractes » tels que le rêve, la fête ou bien la révolution. Ils révèlent le côté artificiel de ce qui, sans eux, serait perçu comme naturel.
Dans le rêve, l’individu s’affranchit de l’interdit de l’inceste et jouit d’une sexualité sans inhibition. Grâce à Platon (428-348 av. J.-C.), nous savons que les Grecs s’affranchissaient pendant leur sommeil de toutes les limites respectées à l’état de veille. Platon décrit en ces termes, au début du livre IX de La République, les rêves des Athéniens : durant la nuit, écrit-il, la partie bestiale de l’âme « n’hésite aucunement à faire le projet, selon ce qu’elle se représente, de s’unir à sa mère, ou à n’importe qui d’autre, homme, dieu, animal ; elle se souille de n’importe quelle ignominie… ».
Il en va de même dans la fête, qui ressuscite pendant un temps déterminé l’époque supposée bénie où les hommes consommaient immédiatement tout ce que la nature leur offrait. Cette immédiateté est à l’origine de tous les mythes évoquant un âge d’or dont les cultures archaïques espèrent le retour, et dont les fêtes qui scandent la vie du groupe sont autant de préfigurations. On en trouve de multiples illustrations dans l’ouvrage de Mircea Eliade (1907-1986) Le Mythe de l’éternel retour (1949).
Enfin, tant qu’ils demeurent proches de la nature, les hommes forment des communautés peu différenciées, tandis que les cultures évoluées sont structurées par d’innombrables hiérarchies politiques, économiques ou sociales. La révolution est le moment qui met à bas toutes les hiérarchies existantes.
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
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