NATURE, notion de
La nature constitue l'une des notions originelles de la philosophie occidentale, peut-être l'objet initial de l'étonnement philosophique. Les premiers philosophes ont été appelés physiologues et ont écrit plusieurs Peri Phuseôs (Sur la Nature), malheureusement perdus.
En grec comme en latin, le mot qui désigne la nature provient d'un verbe qui signifie « naître, venir au jour ». Il vise donc à la fois l'apparition ou la manifestation d'un être et sa production, sa genèse. Selon l'interprétation heideggerienne, le thème de l'apparition qui s'attache à la notion de nature connaît très tôt l'effacement ; le changement ou le mouvement retient d'abord l'attention dans le développement de la compréhension et des usages du terme.
Matière, forme, nature
Par changement, on n'entend pas seulement ici les changements qui caractérisent les vivants dont le principe spécifique est l'âme, mais tous ceux qui affectent plus ou moins profondément les substances naturelles. La nature est définie par Aristote (385 env.-322 av. J.-C.) comme le principe du mouvement des choses. Chaque être susceptible de changer par lui-même a sa nature (la nature du lion, la nature humaine). Mais la nature peut aussi être comprise comme le principe de mouvement de l'ensemble des choses qui changent, comme dans le titre de Lucrèce (env. 98-55 av. J.-C.) : De natura rerum.
Les premières recherches se sont efforcées de saisir la nature comme principe du mouvement qui est dans les choses. Pour que ce mouvement soit compréhensible, la nature doit comprendre plusieurs principes. Dans son analyse du mouvement naturel, Aristote en distingue au moins trois : le sujet (la matière), la privation et la forme.
Un clivage essentiel et problématique domine l'intelligence traditionnelle de la nature. Ou bien le ou les principes déterminants du changement sont du côté de la matière et des éléments, ce qui revient à privilégier une conception matérialiste du monde. Ou bien le principe déterminant du changement est du côté de la forme, principe actif et déterminant face à la matière indéterminée, selon les traditions platonicienne et aristotélicienne. Dans ce cas, la nature tend à se rapprocher de, voire à se confondre avec l'essence de l'être ; le principe du changement est ce qui ne change pas. Le concept de nature est alors applicable à tout être, même à ceux qui ne connaîtraient pas eux-mêmes le changement ou dont le mouvement serait lui-même immuable.
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Écrit par
- Hubert FAES : maître de conférences à l'université de Bourgogne
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