NAVIRES Hydrodynamique navale
Propulsion
Définition et principe de fonctionnement de l'hélice propulsive
L'hélice, qui fit son apparition sur les navires au milieu du xixe siècle, constitue le moyen de propulsion le plus couramment utilisé.
Une hélice est essentiellement constituée par un certain nombre de pales (entre trois et six pour les navires classiques) qui ont en gros la forme d'ailes portantes hélicoïdales (pas géométrique H), et qui sont montées sur un moyeu généralement cylindrique. Les pales sont en général fixes par rapport au moyeu mais certaines hélices, qui doivent travailler dans des conditions de charge très variables (chalutiers par exemple), ont des pales orientables autour d'un axe normal au moyeu.
Quand l'hélice a une vitesse d'avance V0 parallèle à son axe et une vitesse de rotation ω = 2 π n (n étant le nombre de tours par unité de temps), ses sections cylindriques se comportent comme des profils d'ailes portantes ; il en résulte un effort hydrodynamique qui se réduit au total à une poussée T parallèle à l'axe et à un couple Q autour de cet axe, soit un coefficient de poussée KT = T/ρn2D4 (D est le diamètre), un coefficient de couple KQ = Q/ρnD5 et un rendement η = V0T/2 πnQ. Les valeurs de KT, KQ et η sont essentiellement fonction du « degré de progression » J0 = V0/nD, mais dépendent en revanche relativement peu de la viscosité de l'écoulement.
Les courbes caractéristiques de fonctionnement de l'hélice dépendent fortement du pas géométrique réduit H/D : l'augmentation de H/D décale vers la droite les courbes (J0 ; KT) et (J0 ; KQ) ; la valeur de J0 pour laquelle KT = 0 est très voisine de H/D, d'où son nom de « pas effectif ». L'augmentation de H/D entraîne également un accroissement du rendement maximal de l'hélice.
Pour étudier théoriquement le fonctionnement de l'hélice, comme d'ailleurs celui des surfaces portantes en général, on remplace celle-ci par une distribution de tourbillons (ou une distribution mixte de tourbillons et de sources, les sources étant destinées à représenter l'effet d'épaisseur des pales) ; quand l'envergure relative des pales est petite, les tourbillons qui constituent l'hélice, encore appelés tourbillons « liés », se réduisent à une simple ligne tourbillonnaire ; le modèle théorique est alors analogue au modèle de Prandtl pour les ailes portantes de grande envergure. La circulation autour des sections cylindriques de chaque pale étant variable avec leur distance r à l'axe, il s'échappe nécessairement du bord de fuite de chaque pale une nappe de tourbillons, appelés tourbillons « libres », qui, dans le modèle le plus simple, est un hélicoïde droit de pas V/n.
Le calcul de la circulation puis celui des efforts hydrodynamiques sont effectués en fluide parfait. L'effet de la viscosité, qui est essentiellement pour chaque élément de pale une force de traînée, est évalué séparément ; il se traduit au total par une diminution de la poussée et une augmentation du couple, donc une diminution du rendement.
La théorie de l'hélice, même si elle procède par approximations successives en partant d'hypothèses simples, conduit à des résultats qui sont très proches de l'expérience.
Interactions hélice-carène
À cause de la présence de la carène, l'hélice ne travaille jamais dans un champ de vitesse relative uniforme : il existe un certain « sillage ». Par exemple, la vitesse d'arrivée d'eau dans l'hélice peut être réduite à 20 p. 100 seulement de la vitesse de route V, si l'on se place dans le plan longitudinal juste sur l'arrière de l'étambot d'un gros navire à ligne d'arbres unique (le coefficient de sillage local, différence relative entre V et la vitesse locale, est alors de 0,8).[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Serge BINDEL : ingénieur général de l'armement (génie maritime), expert agréé par la Cour de cassation, membre de l'Académie de marine
Classification
Médias
Autres références
-
BRICK
- Écrit par Jacques MÉRAND
- 72 mots
Apparu après 1750, le brick est un petit navire de guerre à voile, son importance étant désignée par le nombre de bouches à feu : brick de douze, de dix-huit canons... Gréé en voiles latines sur deux mâts, il peut devenir un voilier très fin, le brick-aviso, destiné aux missions rapides. Le brick de...
-
BRUNEL MARC ISAMBARD (1769-1849) et ISAMBARD KINGDOM (1806-1859)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 1 011 mots
-
CARBURANTS
- Écrit par Daniel BALLERINI , Jean-Claude GUIBET et Xavier MONTAGNE
- 10 527 mots
- 9 médias
Encore appelés « carburants marine », les carburants lourds sont utilisés dans des moteurs Diesel servant à la propulsion des gros navires et développant des puissances comprises entre 2 000 et 50 000 kilowatts. -
CHINOISE (CIVILISATION) - Sciences et techniques
- Écrit par Jean-Claude MARTZLOFF
- 6 568 mots
La construction navale ne s'est pas présentée de la même façon en Chine et en Europe : les jonques chinoises, capables de transporter jusqu'à un millier d'hommes, n'ont pas de quille ; leur proue, peu différente de leur poupe, n'est pas faite de bordages se rejoignant en étrave. De la forme rectangulaire... - Afficher les 39 références