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NĀYĀR ou NAÏR

Également appelés Naïr, les Nāyār sont une caste hindoue de la côte de Malabar dans l'État de Kerala (sud-ouest de l'Inde). Sous l'administration britannique, les Nāyār, qui comprenaient les familles nobles et royales de petits royaumes féodaux de la région, occupèrent des postes importants dans divers domaines professionnels : fonction publique, médecine, enseignement et droit. Beaucoup furent influents au sein du parti du Congrès, qui obtint l'indépendance de l'Inde en 1947. À la différence de la plupart des hindous, les Nāyār étaient de tradition matrilinéaire. La cellule familiale, dont les membres possédaient conjointement la propriété, comprenait les frères et les sœurs, les enfants de ces dernières et les enfants de leurs filles. L'homme le plus âgé était le chef officiel du groupe. Les règles de mariage et de résidence variaient. Au Kerala central, les hommes du groupe matrilinéaire vivaient en commun et les époux ne faisaient que rendre visite à leurs femmes. Dans le nord et le sud du Kerala, au moins vers le xviiie siècle, les hommes du groupe avaient tendance à vivre ensemble en maison communautaire avec leurs femmes et leurs enfants mineurs. Entre le xvie et le xviiie siècle, les Nāyār des royaumes centraux de Calicut, Walluvanad, Pālghāt et Cochin observaient des coutumes de mariage tout à fait particulières qui ont été très étudiées : les femmes étaient entretenues par leur groupe matrilinéaire et les pères n'avaient ni droits sur leurs enfants ni obligations envers eux. Cependant le concept de mariage et de paternité ne faisait pas entièrement défaut car le mariage rituel restait essentiel et, au moins dans certaines régions du Kerala, les enfants devaient observer un deuil cérémoniel à la mort du mari rituel de leur mère. Il existe une sorte de symbiose entre les Nāyār et les brahmanes Nambudiri : ceux-ci, en raison de leur prééminence religieuse, apportent un certain prestige aux Nāyār dont ils sont matériellement dépendants. Toute fille Nāyār est d'abord mariée rituellement avant d'atteindre la puberté ; la cérémonie du nouage du tāli est suivie d'une cohabitation, réelle ou fictive, de trois jours, elle-même suivie ou non d'un divorce formel. Plus tard, avant ou après la puberté, la fille contracte un mariage beaucoup moins solennel avec un homme de statut convenable qui lui rend visite la nuit, c'est le sambandham. Le mariage proprement dit doit précéder toute manifestation de la sexualité chez la fille, et c'est une des raisons qui expliquent les mariages d'enfants. Même chez les Nāyār de condition modeste, il est interdit à une femme d'avoir sambandham avec un homme de statut inférieur au sien. Les lois, vers 1930, renforcèrent la monogamie, permirent la division du statut matrilinéaire entre les membres masculins et féminins de la famille et conférèrent aux enfants le droit d'hériter de leur père. Depuis les années 1960, il est de plus en plus courant, spécialement dans les villes, de trouver des familles nucléaires formées du mari et de l'épouse et constituant des unités résidentielles et économiquement indépendantes.

— Yvan BARBÉ

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