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NAZARÉENS, peinture

Origine romaine d'un mouvement allemand

Le noyau originel du mouvement nazaréen a été la Confrérie de saint Luc, fondée en 1809 par les jeunes peintres et élèves de l'académie des Beaux-Arts de Vienne (Pforr, Overbeck, Vogel, Wintergest, Sutter, Hottinger). Le nom se réfère à l'art du Moyen Âge, qu'ils ont redécouvert au musée du Belvédère de Vienne, et l'association, amicale et romantique, était dirigée contre l'esthétique du baroque tardif de leurs maîtres. Saint Luc, intercesseur des guildes de peintres du Moyen Âge, fut invoqué également par les jeunes gens, pour imposer leurs nouvelles idées sur la nature et le but de l'art. La confrérie s'opposait à l'académie, que ses associés considéraient comme artistiquement et moralement corrompue. De leur point de vue, l'artiste ne devait pas sacrifier à l'habileté et à la routine, mais adhérer sans réserve à son œuvre ; la vie et l'art ne devaient pas être séparés, mais s'interpénétrer étroitement et réaliser une unité.

La Confrérie de saint Luc sera tenue généralement pour la première sécession dans l'histoire de l'art. Sa fondation a été spirituellement préparée en Allemagne par la littérature romantique. Dans sa revue Europa (1803-1805), Friedrich Schlege écrivait : « Les artistes doivent s'associer comme les commerçants du Moyen Âge dans une hanse pour se protéger un tant soit peu mutuellement. »

En 1810, les membres de la Confrérie de saint Luc se rendirent à Rome et se retirèrent dans le couvent désaffecté de San Isidoro où ils menèrent une vie communautaire. Ils attendaient de la Ville éternelle, mère de l'Église et des arts, un apport décisif quant à leur art. En 1813, Peter von Cornelius se rallia à la confrérie et donna une orientation concrète aux idéaux artistiques des nazaréens. C'est à son caractère énergique et ouvert qu'ils doivent leur premier travail collectif, la décoration d'une chambre de la casa Zuccari (1815-1817), qui s'appelait alors Bartholdy, du nom du consul prussien qui y résidait ; Cornelius, Overbeck, Schadow et Veit utilisèrent l'ancienne technique de la fresque, qu'ils avaient su redécouvrir. Les fresques du Casino Massimo à Rome (1817-1827), qui illustrent des thèmes tirés des œuvres de Dante, du Tasse et de l'Arioste, seront la seconde œuvre collective, due à Overbeck, Veit, Schnorr von Carolsfeld, J. A.  Koch et J. Führich ; Cornelius n'y participa pas (ses premières ébauches de Dante ont cependant été conservées), parce qu'il venait d'être nommé directeur de l'académie de Düsseldorf (1819) et chargé par le prince héritier Louis de Bavière de la décoration de la glyptothèque de Munich (1818). Ce fut le premier pas sur le chemin du retour en Allemagne. En 1825, Cornelius devint directeur de l'académie de Munich et introduisit ainsi la phase de la reconnaissance officielle du mouvement nazaréen. Wilhelm Schadow devint directeur de l'académie de Düsseldorf (1825), Philipp Veit de l'école Städel à Francfort (1830) ; J. Führich fut nommé professeur à l'académie de Vienne (1840), Schnorr von Carolsfeld à l'académie de Munich (1827) et en 1846 à Dresde ; Ludwig Richter avait lui aussi été nommé à Dresde en 1836.

L'année 1840 marque le point culminant et en même temps le tournant dans l'histoire active du mouvement. Une polémique acharnée fut alors soulevée en Allemagne autour du Triomphe de la religion dans les arts, œuvre d'Overbeck, lequel resta jusqu'à sa mort, à Rome, le chef spirituel des nazaréens. Ceux-ci s'opposèrent alors à la peinture d'histoire réaliste de l'école d'Anvers et de l'académie de Düsseldorf, et aux courants réalistes du siècle en général. Alors qu'auparavant les tableaux des nazaréens avaient été appréciés pour leur[...]

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<it>Le Repos pendant la fuite en Égypte</it>, P. O. Runge - crédits :  Bridgeman Images

Le Repos pendant la fuite en Égypte, P. O. Runge

Autoportrait à la fourrure, A. Dürer - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Autoportrait à la fourrure, A. Dürer

<it>The Light of the World</it> (<it>La Lumière du monde</it>), W. H. Hunt - crédits :  Bridgeman Images

The Light of the World (La Lumière du monde), W. H. Hunt

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