- 1. Idéologie anti-Lumières
- 2. Le nazisme comme racisme et antisémitisme
- 3. Négation de l’individu
- 4. Le nazisme comme anticommunisme
- 5. Abandon de la voie insurrectionnelle
- 6. Accession au pouvoir et nazification
- 7. Politique de puissance et économie de guerre
- 8. Adhésion des élites et résistances sporadiques
- 9. Un colonialisme esclavagiste intra-européen
- 10. Bibliographie
NAZISME
Le terme « nazisme » s’est formé à partir de Nazi, sobriquet méprisant adopté par les sociaux-démocrates et communistes allemands pour désigner, par abréviation, de nouveaux adversaires surgis lors des élections législatives de 1928, sous la République de Weimar : les députés du N.S.D.A.P., Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, le parti national-socialiste des travailleurs allemands. Ainsi sont nés avec ce parti le « national-socialisme », ou nazisme, termes désignant à la fois la doctrine et le programme suivis par ce nouveau mouvement politique allemand durant toute la période de sa domination, appelée IIIe Reich.
Le nazisme a pour aboutissement la Seconde Guerre mondiale qui laisse une Europe en ruines et 60 millions de morts, ainsi que le génocide contre les Juifs (plus de six millions de victimes éliminées en très peu de temps, quatre ans au plus). Sa politique a conduit à un désastre civilisationnel et moral. Les interprétations de ce phénomène historique, inédit par sa violence et son énergie, trahissent une immense perplexité face à l’intensité et à l’extension de ses crimes. Contre tous ceux qui ont adopté des lectures résolument non rationnelles le nazisme serait, au choix, la conséquence d’une pathologie mentale, d’une possession démoniaque, d’une réaction naturelle contre le péril marxiste, d’une contamination du fascisme italien, voire d’une barbarie allemande atavique, etc. , les historiens privilégient la pluralité des facteurs.
Idéologie anti-Lumières
C’est d’abord une idéologie, une « vision du monde » (en allemand Weltanschauung) qui est mise en œuvre par le régime politique instauré en Allemagne à partir du 30 janvier 1933, puis dans une Europe envahie à partir de 1939. Pour la qualifier simplement, cette idéologie est une réaction contre la Révolution française et son héritage, un rejet de tout ce qui est perçu comme ses conséquences (droits universels de l’homme, libéralisme politique, parlementarisme) ou ses fondements (humanisme, théorie du droit naturel, rationalisme des Lumières). Si l’on suit l’analyse de l’historien Zeev Sternhell, le nazisme s’inscrit donc parfaitement dans la tradition européenne des anti-Lumières et de la contre-révolution, mais il se distingue des idées réactionnaires et conservatrices en ce qu’il prend acte de la Révolution, ou plutôt de son irréversible conséquence : l’entrée des masses en politique, consacrée par 1789, confirmée par l’histoire des mouvements révolutionnaires et nationaux du xixe siècle (dont le printemps des peuples en 1848 marque l’apogée), et scellée définitivement par la conscription et par la mort de masse pendant la Grande Guerre (1914-1918).
Pour les nazis et pour leur chef, Adolf Hitler, il est évident que la roue de l’histoire a tourné et que les monarchies sont mortes, comme en témoigne l'effondrement des empires européens de 1917 à 1919. La République est tout autant exclue, car ce régime politique repose, à leurs yeux – comme à ceux des théoriciens de la contre-révolution –, sur des postulats faux, littéralement contre-nature : la démocratie y présuppose l’égalité de tous les hommes et leur égal accès au suffrage et aux fonctions électives.
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Écrit par
- Johann CHAPOUTOT : professeur des Universités, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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