- 1. Idéologie anti-Lumières
- 2. Le nazisme comme racisme et antisémitisme
- 3. Négation de l’individu
- 4. Le nazisme comme anticommunisme
- 5. Abandon de la voie insurrectionnelle
- 6. Accession au pouvoir et nazification
- 7. Politique de puissance et économie de guerre
- 8. Adhésion des élites et résistances sporadiques
- 9. Un colonialisme esclavagiste intra-européen
- 10. Bibliographie
NAZISME
Le nazisme comme racisme et antisémitisme
Le nazisme se veut aussi un programme de « régénération biologique » de la nation allemande. Il entend en effet mettre en pratique des idées défendues un peu partout en Europe et en Amérique du Nord depuis le milieu du xixe siècle au moins : le racisme et ses théorisations du mythe aryen (cf. les thèses réduisant l’Histoire à la « lutte des races », produites notamment par Arthur de Gobineau et Houston Stewart Chamberlain), le darwinisme social (relayé par Ernst Haeckel), enfin l’eugénisme (préconisé par Francis Galton). Ces idées, largement cautionnées par la science du temps – en particulier la biologie, la médecine et l’anthropologie, deviendront la loi du IIIe Reich, une biologie appliquée d’État.
En faisant siennes les thèses de ce « racisme scientifique », l’idéologie nazie rejette l’idée d’unité du genre humain, réparti hiérarchiquement en races distinctes : il n’y a pour elle rien de commun entre un Germain, un Hottentot et un Esquimau. Elle affirme donc l’inégalité radicale entre les individus, déterminés par leur appartenance de race.
C’est aussi au nom de ce principe d’inégalité qu’un groupe de citoyens est d’emblée écarté de la Volksgemeinschaft, ou « communauté du peuple » : les Juifs, cibles d’un antisémitisme qui progresse en Allemagne comme dans toute l’Europe, alors même que des lois ont été prises pour leur émancipation, leur reconnaissant une citoyenneté de plein droit (depuis les années 1820 pour la Prusse et depuis 1871 pour le Reich allemand).
Depuis des millénaires, selon la doctrine nazie, la race germanique est l’objet de la haine des Juifs, qui veulent sa perte. Cette guerre raciale, qui dure depuis l’aube des temps, a atteint un stade extrême au XXe siècle, comme en témoignent les moyens de destruction dont disposent les ennemis de l’Allemagne. Pour les nazis, la Grande Guerre avait pour fin de détruire l’Allemagne comme puissance politique, mais aussi d’éradiquer le peuple allemand comme entité biologique, ainsi qu’en témoigne le blocus imposé aux puissances centrales, cause d’une famine et de maladies qui ont emporté, en sus des morts du front, des centaines de milliers de civils.
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Écrit par
- Johann CHAPOUTOT : professeur des Universités, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Médias
Boycott anti-juifs, Allemagne, 1933
Hulton-Deutsch/ Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images
Défilé nazi, 1938
Berliner Verlag/ Archiv/ picture alliance/ Getty Images
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