- 1. Idéologie anti-Lumières
- 2. Le nazisme comme racisme et antisémitisme
- 3. Négation de l’individu
- 4. Le nazisme comme anticommunisme
- 5. Abandon de la voie insurrectionnelle
- 6. Accession au pouvoir et nazification
- 7. Politique de puissance et économie de guerre
- 8. Adhésion des élites et résistances sporadiques
- 9. Un colonialisme esclavagiste intra-européen
- 10. Bibliographie
NAZISME
Négation de l’individu
À l’encontre de l’école jusnaturaliste européenne du xviiie siècle, qui fondait la politique sur la liberté de l’homme, sujet de raison et de droits universels, le nazisme nie l’existence même de l’individu : contre l’individualisme démocratique, il réaffirme la globalité de la Volksgemeinschaft, un grand tout organique dont chacune des parties ‒ les individus ‒, tire son essence et son existence. « Tu n’es rien, ton peuple est tout » n’est pas qu’un slogan, mais bel et bien un principe politique.
Dans ces conditions, la démocratie parlementaire – et tout spécialement la République de Weimar instaurée en 1919 ‒, ne peut signifier que le règne de la masse des médiocres contre l’homme d’exception, un nivellement par le bas imposé par les ennemis de la race germanique pour lui nuire. Il ne reste donc à l’Allemagne, comme seul mode d’organisation politique et communautaire, que le modèle militaire : ayant soutenu un déluge de feu et d’acier pendant quatre ans dans les tranchées, la communauté de combat est la seule organisation humaine qui ait fait ses preuves. L’Allemagne des nazis doit donc être une armée, avec un seul Führer (terme générique signifiant guide, meneur ou chef militaire) à sa tête.
Cette organisation est imposée au N.S.D.A.P., qui succède, en février 1920, au D.A.P. (Deutsche Arbeiterpartei), le parti des travailleurs allemands, un des innombrables groupuscules d’ extrême droite de l’époque. Les Frontkämpfer (anciens combattants) y sont recrutés et exaltés par son nouveau leader, Adolf Hitler, lui-même ancien caporal démobilisé. Participant au processus de « brutalisation » de la société civile décrit par l’historien George L. Mosse, le comportement militarisé de l’élite nazie s’est ainsi calqué, depuis le port de l’uniforme jusqu’à l’élocution et la gestuelle, sur celui des sous-officiers de l’armée allemande : attitude rogue, rude et cassante. Cette armée parallèle doit rassembler la totalité des Allemands.
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Écrit par
- Johann CHAPOUTOT : professeur des Universités, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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