- 1. Idéologie anti-Lumières
- 2. Le nazisme comme racisme et antisémitisme
- 3. Négation de l’individu
- 4. Le nazisme comme anticommunisme
- 5. Abandon de la voie insurrectionnelle
- 6. Accession au pouvoir et nazification
- 7. Politique de puissance et économie de guerre
- 8. Adhésion des élites et résistances sporadiques
- 9. Un colonialisme esclavagiste intra-européen
- 10. Bibliographie
NAZISME
Abandon de la voie insurrectionnelle
Après une tentative ratée de prise de pouvoir par la force à Munich (« Putsch de la Brasserie », des 8 et 9 novembre 1923, coup d’État à l’imitation de la « marche sur Rome » lancée par Mussolini un an plus tôt), le N.S.D.A.P. adopte une stratégie électoraliste. Échaudé par l’échec, ainsi que par les risques encourus – il est condamné à une peine de cinq ans de prison et son parti est interdit en Allemagne –, Hitler opte désormais pour une accession au pouvoir par la voie légale. Il met aussi à profit les treize mois passés à la prison de Landsberg pour dicter Mein Kampf (Mon Combat). Publié en 1925, ce volumineux ouvrage, entre l’autobiographie et l’auto-plaidoyer, où s’entremêlent des réflexions se voulant fondatrices pour son mouvement en déclin, restera complètement ignoré avant de devenir la bible du parti, en 1933.
Le N.S.D.A.P. est encore insignifiant électoralement – il n’a obtenu que 2,5 p. 100 des voix aux élections du Reichstag en 1928. Il est affaibli par des dissensions tactiques, mais aussi par des désaccords idéologiques (la gauche nationale-socialiste fait scission en 1930 autour d'Otto Strasser, partisan d'une révolution sociale-nationale). La voie légaliste est sans cesse contestée par les tenants de l’action politique violente au sein du parti, notamment par Ernst Röhm, le chef des « chemises brunes », les SA (Sturmabteilung, « sections d’assaut »), formation paramilitaire du parti créée en 1921.
Sous la houlette de dirigeants convaincus et zélés, le parti reconstitué en 1925 s’organise cependant pour, le moment venu, investir tout l’appareil d’État. Joseph Goebbels, nommé Gauleiter (responsable de région)de Berlin en 1926, est chargé de la propagande ; il améliore la communication politique en tirant toutes les leçons de la publicité et des techniques de manipulation contemporaines des médias (presse, affiche, radio et cinéma). Hermann Göring, ancien pilote de chasse et héros de guerre, fils de haut fonctionnaire et lié par son mariage aux milieux aristocratiques et financiers, fait affluer sympathies et financements de la grande bourgeoisie vers le parti. Heinrich Himmler, dans l’ombre de Röhm, développe la SS (Schutzstaffel, « escadron de protection ») qui, de simple garde rapprochée du Führer, devient « l’élite biologique », l’armature technocratique et intellectuelle du parti.
Profitant du blocage politique – le Reichstag, élu par scrutin proportionnel, est contraint à de fragiles gouvernements de coalition – et surtout de la crise économique de 1929 et de ses répercussions immédiates, le N.S.D.A.P. enregistre des succès électoraux : de 107 députés en septembre 1930, il passe à 230 en juillet 1932. Il devient alors une option de carrière plausible pour une masse de jeunes gens bien formés dans les universités de la République de Weimar, laquelle a doublé le nombre d’étudiants, sans toutefois leur ouvrir de perspectives professionnelles. La SS recrute ainsi ces jeunes cadres, qui se retrouveront aux postes les plus importants après 1933, dans la police et dans les services de la SS et de l’État qui piloteront la politique industrielle, la politique agricole et les plans de conquête et de colonisation de l’Est de l’Europe.
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Écrit par
- Johann CHAPOUTOT : professeur des Universités, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Médias
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