Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NDEBELE, MATABELE ou AMANDEBELE

Peuple de formation récente, les Ndebele sont nés d'un conflit entre le roi zoulou Chaka (1787-1828, roi de 1816 à 1828) et l'un de ses izinduna (lieutenants), Mzilikazi (1790 env.-1868). Celui-ci, fils de Matshobana, chef du clan Kumalo (Khumalo) et de sa première épouse Nompethu, quitte le Natal en 1822 avec quelques centaines de personnes, en direction du nord-ouest. Il établit son kraal (campement) principal dans la vallée du Marico (un affluent du Limpopo) jusqu'en 1836 ; il est alors menacé par les raids de Dingane (mort en 1843, roi de 1828 à 1840), successeur de Chaka, et par les incursions des Boers qui marquent le début du « Grand Trek ». Avec ses partisans, dont le nombre est alors compris entre dix mille et vingt mille, il effectue une longue migration qui le conduit en 1840, deux ans après certains de ceux-ci, sur le site qui allait demeurer celui des Ndebele, au sud-ouest du Zimbabwe, dans la région de Bulawayo. Le roi et ses izinduna y fixent leurs kraals, véritables villes circulaires, qui sont entourées d'une double enceinte et dont le centre est une grande place servant aux démonstrations militaires et aux cérémonies annuelles des « Premiers Fruits » (inxwala), présidées par le roi. La création de tout nouveau campement se fait à l'initiative de Mzilikazi, qui attribue, chaque fois, des terres et du bétail à un induna placé à la tête d'un régiment. Les plus grands établissements étaient divisés en quartiers. Le roi visitait régulièrement ses villes, dirigées par un induna et par un conseil qui intervenait dans les conflits locaux.

À partir de ces sanctuaires, les Ndebele entreprirent un grand nombre de raids, contre les Shona principalement, au nord et à l'est, pour se procurer du bétail et des hommes, qu'ils incorporaient dans leurs régiments (amabuto). Un ibuto était formé tous les trois ou quatre ans avec les jeunes d'une même classe d'âge, qui étaient alors contraints à une discipline stricte et à un entraînement intensif. Une fois ce régiment devenu opérationnel, le roi lui attribuait un territoire pour fonder une nouvelle ville. Mzilikazi reçut plusieurs Européens à son kraal royal, après avoir défait les Boers en 1847. Après sa mort, le 9 septembre 1868, son fils Lobengula (mort en 1894, roi de 1870 à 1894) lui succéda malgré quelques contestations. Les Ndebele constituent alors une véritable nation avec une hiérarchie sociale fondée sur l'ancienneté d'appartenance au groupe et sur la position militaire. Lobengula poussa les raids au-delà du Zambèze, en pays Ila, et développa l'organisation politico-militaire de son royaume en regroupant les villes en trois ou quatre provinces. Par la concession Rudd, il permit aux Européens d'exploiter le sous-sol en région shona, ce qui le conduisit à s'opposer aux troupes de la British South African Company. La Compagnie britannique contrôla le pays jusqu'à la rébellion de 1896, qui fut la dernière expression politique des Ndebele en tant que nation.

À l'origine, les hommes avaient la responsabilité de la chasse, de la guerre et du gardiennage des troupeaux, tandis que les femmes travaillaient la terre et assumaient les autres activités. Les produits artisanaux étaient essentiellement fournis par les raids et les tributs. Depuis la conquête coloniale, la politique de confiscation des terres a obligé les hommes à se séparer d'une part importante du bétail et à se tourner vers l'agriculture de subsistance dans les « réserves ». La misère a poussé un grand nombre de Ndebele vers les villes et les fermes européennes. À partir du milieu du xxe siècle, les Ndebele, tout comme les Shona, ont fourni un grand nombre de leurs cadres et de leurs militants aux mouvements nationalistes du Zimbabwe, opposés à la minorité blanche raciste. Ceux qui vivent en Afrique du Sud furent intégrés[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : anthropologue, maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Autres références

  • MZILIKAZI (1790 env.-1868) roi des Ndebele

    • Écrit par
    • 336 mots

    Roi des Ndebele, né vers 1790 près de Mkuze, en territoire zoulou (auj. Afrique du Sud), mort le 9 septembre 1868 à Ingama, en terre Ndebele (près de l'actuelle Bulawayo, Zimbabwe).

    Lieutenant de Chaka, fondateur du royaume zoulou, Mzilikazi est le plus grand guerrier bantou après son souverain....

  • SHONA ou MASHONA

    • Écrit par
    • 646 mots

    Vivant pour la plupart au nord et à l'est du Zimbabwe, mais aussi dans la région contiguë du Mozambique, les Shona ont probablement eu pour ancêtres les hommes qui négociaient l'or et l'ivoire, avec les marchands arabo-swahili de la côte, pour le compte du royaume de Zimbabwe, dont la...

  • ZIMBABWE

    • Écrit par , , et
    • 16 889 mots
    • 8 médias
    Vers les années 1830, un groupe appartenant à l'ethnie des Zoulous, les Ndebele, remonte vers le nord à la suite de sanglantes luttes tribales et pénètre dans le Mashonaland, au sud-ouest du Zimbabwe actuel. Il aura rapidement raison des défenses, au demeurant peu efficaces, qui lui sont opposées. Peuplade...